Elargir le processus démocratique pour augmenter l’implication des participants dans la structure a toujours été un souci dans le SEL(1) de Clermont-Ferrand
Nous avons adopté depuis bientôt deux ans des statuts pour piloter l’association sur un mode collectif, c’est à dire que tous les volontaires élus au conseil d’administration lors de l’assemblée générale, se retrouvent statutairement coresponsables de l’association. La préfecture, après quelques hésitations, a accepté d’enregistrer ces statuts dans le cadre de la loi de 1901 en sacrifiant son formulaire pré-imprimé qui réclamait le nom du président, secrétaire et trésorier.
Le SEL de Clermont est donc dirigé par un collectif de 17 personnes, dont tous les noms sont déposés pour un an avec les statuts. Les réunions ont lieu à date fixe, les derniers samedis du mois, et nous invitons tous les membres de l’asso qui s’intéressent à son fonctionnement à y assister et à donner leur avis.
Printemps 2001
S’il y a des décisions à prendre, nous recherchons un consensus par la discussion, ne passant au vote qu’en cas de litige. Pour assouplir le fonctionnement, les votes ont lieu immédiatement avec les membres du C.A. présents, sans quorum. Comme les dates sont connues par tous très longtemps à l’avance, il n’est pas nécessaire de prévenir tout le monde à chaque fois. Nous mandatons des personnes pour des activités comme la trésorerie en francs, par ex. Le secrétariat est partagé entre plusieurs membres qui ne font pas tous partie du collectif et il y a des fonctions importantes pour le SEL qui sont occupées par des personnes extérieures au collectif, sans problème.
Bien sûr, ce type de fonctionnement ne protège pas des démagogues et autres rhéteurs à fort capital social et/ou culturel, qui font passer leurs idées en force, en dominant symboliquement leurs opposants, et si l’association devient un enjeu de pouvoir pour des raisons obscures dont les humains sont coutumiers, le collectif peut se transformer en champ de bataille.
Les règles sont nécessaires pour structurer, construire des espaces et permettre au groupe de se repérer, mais ce n’est pas la forme que se donne une asso qui va la protèger complètement de la pathologie de ses membres ; seul le niveau de conscience du groupe est protecteur2, mais le mode collectif accroît le sens des responsabilités de ceux qui ont envie de s’impliquer ; le fonctionnement en est un peu plus lourd car il y a plus de discussions et il faut apprendre à faire confiance et respecter les initiatives des autres ; mais il faut aussi apprendre à se faire confiance en prenant ses responsabilités par rapport au groupe : tout ne peut pas être validé en amont donc il est nécessaire que le collectif accorde une certaine autonomie à ses membres, avec une marge de manouvre limitée et une certaine tolérance pour les faux pas, sinon le groupe risque de s’auto-stériliser en s’interdisant mutuellement des initiatives.
Le collectif est un mode de pilotage associatif qui ne fonctionne qu’avec le dialogue qui permet d’apprendre à mieux écouter et à accepter des compromis. L’expérimentation de cette pratique politique (au sens 1er du terme), avec ses limites et les réajustements que cela impose, offre un terrain d’entraînement à la démocratie participative qui conduit à la maturité politique. Renouer avec la légitimité et les capacités d’un processus plus démocratique devrait apprendre à résister aux prises de pouvoir des "grands conducteurs".
Pascale Delille - SEL de Clermont - Printemps 2001
bonjour
C’est article a été écrit en 2001. Quels ont été les grandes difficultés et obstacles rencontrées depuis 15 ans, les pièges à éviter. Est ce le modèle a tenu la route ?
Cordialement