Manfred a travaillé 54 ha dans la vallée du Rhin en GAEC avec 3 autres agriculteurs pendant 40 ans. Au bout de 15 ans de culture conventionnelle, il a remarqué que les terres n’absorbaient plus l’eau et que la structure du sol s’était dégradée. Il a pu déterminer que la charrue était en partie responsable de cette dégradation. En labourant la terre la charrue enfouit en effet les déchets de surface (paille, un engrais vert...), qui fermentent en anaérobie, ce qui produit des toxines, autant d’obstacles pour les racines et pour les vers de terre.
Des vers de terre bien nourris
Principaux acteurs de l’amélioration du sol, les vers de terre ne supportent pas la végétation putride. Cette dernière donne naissance à des champignons dont se nourrissent les chardons. On se rend compte alors que chaque " mauvaise herbe " a un rôle bien spécifique et se développe pour rétablir la structure du sol.
En 1979, Manfred décide d’arrêter les labours et entame une nouvelle étape avec la méthode Kemink. Il s’agit d’un travail de la terre en surface - avec un outil à dents et socs buteurs fabriqué artisanalement - pour préparer la terre avant les semis en faisant plusieurs passages. A chaque passage seule une bande de terre est nettoyée. Ensuite, plus rien entre le semis et la récolte en dehors d’un nettoyage à la main pour enlever une dizaine de rumex à l’hectare. Assurer un couvert permanent avec du trèfle blanc, que l’on détruira en partie avant de semer le blé et très peu de fumier épandu tous les trois ans ! voilà une des expériences de Manfred qui est à adapter en fonction des sols et surtout du climat...
Il constata avec satisfaction qu’une nouvelle couche de 27 cm d’humus s’était formée en 18 ans grâce aux vers de terre. Or cette terre n’est pas lessivable car elle est de structure coloïdale, issue de la digestion des vers de terre. Manfred et Ulrich nous ont confirmé que le lisier devrait être épandu en été, en période sèche, pour rester en surface et ainsi épargner les vers de terre qui se trouvent en profondeur. Ils font d’ailleurs remonter le calcaire du sous sol dans la couche arable.
Si le ver de terre est le principal allié de l’agriculteur en biodynamie, il y a aussi les racines. L’action conjuguée des vers de terre et des racines dissout la pierre et la transforme en nourriture pour la plante. Ils ont pu ainsi constater qu’en nourrissant les vers de terre et en favorisant l’enracinement , les rendements sont alors passés de 23 quintaux à l’hectare à 43, et le PH de 6,1 à 7,2.
Remède homéopathique pour la terre
Depuis 4 ans, Manfred a ajouté un troisième élément à son système de culture avec la pulvérisation de préparations biodynamiques, élaborées à partir d’un mélange de bouse (80-100g de bouse/ha) de vache ayant reposé plusieurs mois dans une corne de vache et de la silice. Le tout est mélangé dans un dynamiseur qui alterne tourbillons et chaos. Le produit ainsi obtenu est dilué avec de l’eau et pulvérisé au lever du soleil à raison de 30 à 40 litres par hectare sous forme de gouttelettes et de brumisation.
Cette application a encore amélioré les rendements. En faisant progresser son compte en terre, il a du même coup amélioré son compte en banque !
La démonstration fut très convaincante. Il reste à l’adapter aux sols bretons et à la forte pluviométrie locale. Quelques agriculteurs du Finistère se sont d’ailleurs proposés d’expérimenter les principes de culture biodynamique et de confronter leurs expériences.
JE VOUDRAIS AVOIR DES INFORMATIONS SUR LA CULTURE ET LE DEVELOPPEMENT DES VERS DE TERRE MERCI MON MAIL:a_salih@menara.ma