Pêche Profonde
Les océans profonds, définis par les océanographes comme la zone s’étendant au-delà de 200 mètres de profondeur représentent à eux seuls 98% de l’espace dans lequel la vie peut se développer sur terre. Le milieu profond est très mal connu de la science et quasiment inexploré. Les océans profonds avaient été jusqu’ici épargnés des perturbations humaines mais ils sont dorénavant exploités à échelle industrielle, et ce depuis plus de 30 ans, alors qu’ils ne peuvent pas et ne devraient pas l’être, pour une raison simple : leurs caractéristiques biologiques ne le permettent pas. La faune profonde est caractérisée par une longévité extrême (bien souvent supérieure à 100 ans), une croissance lente, une maturité sexuelle et une reproduction tardives, une fécondité faible et une résilience globalement réduite : autrement dit, les poissons profonds sont les éléphants des océans. Comme pour les troupeaux d’éléphants, la biomasse des poissons profonds peut être importante à certains endroits, mais les premières captures suffisent parfois à décimer un stock pour plusieurs décennies ou siècles…
La pêche profonde résulte directement de l’épuisement des ressources marines dans les eaux de surface. Après avoir surexploité les stocks de poissons en surface, les flottes de pêche industrielles se sont tournées vers les grands fonds pour trouver la ressource qui leur faisait défaut. Cette logique inexorable de la surexploitation des ressources et de la destruction des milieux connaît un épisode particulièrement douloureux dans les grandes profondeurs car là, plus que n’importe où, existe un contraste violent entre l’immense efficacité technologique de l’outil industriel et l’excessive vulnérabilité de la faune et de l’environnement. La pêche en eaux profondes met en jeu le monde de la rapidité contre celui de la lenteur, le profit à court terme réservé à quelques uns contre le bénéfice à long terme pour tous.
Les océans profonds sont devenus le théâtre de la plus grande tragédie des communs de notre temps. Il y a urgence à protéger des milieux dévastés de façon irréversible par des navires qui ressemblent plutôt à des machines de guerre (plusieurs avions peuvent loger dans certains filets utilisés). Ce drame écologique n’a comme équivalent que la déforestation de l’Amazonie.
Les pêches en eaux profondes se réalisent majoritairement avec des chaluts profonds, c’est-à-dire d’immenses filets de pêche lourdement lestés qui raclent le fond des océans jusqu’à 2000 mètres de profondeur et ne laissent que désolation dans leur sillage. Moins de 300 bateaux à travers le monde participent à cet « océanocide » pour capturer quelques poissons à forte valeur commerciale mais ils anéantissent de façon irréversible des colonies de coraux vieilles de 10 000 ans, patrimoine naturel mondial de l’humanité.
Les écosystèmes profonds sont les « victimes parfaites » : éloignés des yeux, des cœurs, isolés, muets, ils sont dévastés par les chaluts profonds sans disposer de moyens de défense ni de témoins…
BLOOM a décidé de donner une voix à ces laissés-pour-compte de l’agenda environnemental mondial. La préservation des profondeurs océaniques est une urgence impérieuse, le sujet de préoccupation d’une poignée d’environnementalistes dans le monde mais de nombreux chercheurs ainsi que d’un nombre heureusement croissant de citoyens. Elle est le combat prioritaire de l’association BLOOM depuis sa création. L’association a dès son origine soutenu la publication du livre ABYSSES de Claire Nouvian (Fayard, 2006) et la création de l’exposition éponyme au Muséum national d’Histoire naturelle en 2007 de façon à faire sortir de l’ombre ces milieux marins aussi fascinants que fragiles.
Engagée auprès des décideurs et du public, de l’ONU aux écoles de France, BLOOM s’appuie sur les très nombreuses études et parutions scientifiques démontrant la non durabilité des pêches profondes ainsi que leur immense destructivité.
Le chalutage profond a été unanimement reconnu par la communauté scientifique comme une aberration écologique pourfendant tous les principes de préservation de l’environnement, de partage équitable du bien commun entre nations et comme un entorse au principe de précaution. Seul le fait que ces pêches soient apparues historiquement dans un contexte de béance juridique internationale et d’ignorance scientifique les a rendues légales, mais en aucun cas légitimes.
Pour rappel, 1136 chercheurs ont signé en 2004 une pétition demandant à l’Assemblée Générale des Nations Unies un moratoire sur le chalutage profond.
Le chalutage profond est un non-sens historique qui peine à prendre fin, d’une façon inversement proportionnelle à la charge d’arguments qui pèsent contre lui.
Approvisionnement des supermarchés en poisson
L’évaluation portait sur la politique générale présidant aux achats de poissons des six principaux groupes de distribution alimentaire (Auchan, Carrefour, Casino, E. Leclerc, Intermarché et Système U) ainsi que leur approvisionnement spécifique en poissons profonds, issus de pêches particulièrement destructrices et non durables. Relevés de terrain, questionnaires et entretiens ont complété la revue exhaustive par BLOOM de la documentation publiquement accessible.
La conclusion de cette enquête menée sur cinq mois est qu’aucune enseigne ne satisfait entièrement les critères d’évaluation de BLOOM.Cependant, sur une échelle optimale de 100, certaines enseignes s’approchent quasiment aux trois quarts du score, tandis que d’autres ne dépassent pas la barre des 10%.
Casino arrive ainsi en tête du classement (68%), suivi de près par Carrefour (61%) puis Système U (52%), tandis qu’Auchan (26%) et E. Leclerc (19%) affichent un score faible et qu’Intermarché obtient un score quasi nul (6%) en ne satisfaisant qu’un critère sur les 23 retenus.
« Il existe des degrés d’engagement très variables des marques en matière d’achats de poissons durables » commente Victoire Guillonneau, principale auteure de l’étude. « Cela place les enseignes à des extrêmes opposés du spectre des bonnes pratiques environnementales. Il nous a semblé important de quantifier ces hiatus et d’alerter les consommateurs soucieux de ne pas encourager, par le biais de leurs achats, l’épuisement inexorable des ressources marines et la destruction des milieux océaniques les plus vulnérables ».
Alors que la critique est souvent faite aux guides d’achat de poissons édités par les ONG d’être compliqués à utiliser, le barème établi par BLOOM donne aux Français un moyen simple de célébrer la journée mondiale de l’environnement, aujourd’hui et pendant le reste de l’année, en permettant désormais de savoir quel supermarché privilégier pour faire ses courses.
« La relation de vendeur à acheteur induit un rapport de confiance, particulièrement en ces périodes troubles en matière de production industrielle des aliments. La responsabilité incombe aux enseignes d’assurer à leurs clients qu’elles ont fait le travail à leur place et qu’ils peuvent acheter leur nourriture l’esprit plus ou moins tranquille. Avec notre classement, c’est très simple : quand vous avez le choix entre plusieurs enseignes, il faut sans hésiter privilégier Casino ou Carrefour à Intermarché ou Leclerc » s’exclame la fondatrice de BLOOM Claire Nouvian, qui insiste sur la totale indépendance financière de l’association vis-à-vis de tous les acteurs de la grande distribution.
Politiques d’approvisionnements
« Alors que les trois quarts du poisson frais en France est acheté en grandes et moyennes surfaces, il est un peu effrayant de voir que la moitié des enseignes que nous avons évaluées ont des politiques d’approvisionnement faibles ou carrément inexistantes » renchérit Victoire Guillonneau qui rappelle qu’environ 87% des stocks de poissons dans le monde sont aujourd’hui surexploités ou pleinement exploités (FAO 2012 [1]). Un certain nombre de ces stocks sont pêchés à l’aide de méthodes destructrices, la plus brutale d’entre elles étant le chalutage de fond déployé dans les eaux très profondes de l’océan (jusqu’à près de 2000 mètres de profondeur), qui dévaste des écosystèmes constitués de coraux millénaires et de créatures souvent centenaires, sortes d’éléphants des océans.
Pour cette raison, BLOOM a porté une attention particulière à l’approvisionnement en espèces profondes des groupes. Là encore, Casino et Carrefour arrivent en tête grâce aux mesures qu’ils ont prises vis-à-vis de certaines espèces profondes particulièrement vulnérables comme la lingue bleue. Toutefois, la fondatrice de BLOOM se dit « déçue » par des mesures qu’elle juge « largement insuffisantes et inadaptées à l’urgence de la situation des océans profonds », impactés de façon sans doute irréversibles par les navires de pêche industrielle.
Intermarché, qui possède la plus grande flotte de chalutiers profonds industriels de France, est l’acteur de la grande distribution le moins éco-responsable et se situe de façon non surprenante en queue du classement. Pourtant, la note attribuée à Intermarché ne prend pas en compte le fait que le groupement des Mousquetaires possède des navires engagés dans la méthode de pêche décrite par les chercheurs comme la plus destructrice de l’histoire.
L’étude de BLOOM révèle aussi que les marques les plus engagées dans la mise en œuvre de politiques respectueuses de l’environnement, Casino, Carrefour et Système U, communiquent très peu sur leur démarche, à l’inverse d’Intermarché, qui matraque les Français avec une opération publicitaire nationale destinée à « noyer le poisson » sur ses pratiques de pêche destructives et… à prendre des parts de marché à la concurrence.
D’ici peu, une grande partie de la flotte d’Intermarché pourrait être interdite d’exercer car, en raison de son impact écologique disproportionné et de son modèle économique chroniquement déficitaire malgré d’importantes subventions publiques, la Commission européenne a proposé d’interdire le chalutage profond en Europe. La question est actuellement en cours de négociation à Bruxelles.
Loi contre le chalutage profond
Le Parlement européen réuni en session plénière à Strasbourg a récemment rejeté une mesure historique : l’interdiction du chalutage profond et des filets maillants de fond au-dessous de 600 mètres dans les eaux européennes et dans l’Atlantique Nord-Est.
La mobilisation citoyenne peut encore contrecarrer le pouvoir des lobbies : aidez-nous à éliminer cette méthode de pêche destructrice et à faire en sorte que nos élus et diplomates retrouvent la dignité de leur fonction en recevant des directives claires et ambitieuses de la part du Président de la République.
Signez la pétition pour interdire la pêche en eau profonde.
C LIDL LE PIRE C PAS DU TOUT INTERMARCHÉ DEJA QUE LIDL ABUSENT DE VENDRE QUE LEURS MARQUES ET EN PLUS ILS COPIENT PLEINS DE MARQUES