L’électricité n’est pas une énergie écologique
Le jury de déontologie publicitaire qui a pour mission de statuer sur les plaintes du public à l’encontre des publicités diffusées vient de donner raison à l’association girondine l’Observatoire du nucléaire.
Son président Stéphane Lhomme avait saisi l’instance le 20 janvier dernier afin qu’elle se prononce sur la conformité aux règles déontologiques en vigueur des publicités de BlueCub. Appartenant au groupe Bolloré, ce service de voitures électriques en libre service fonctionne dans l’agglomération bordelaise depuis début janvier.
Sur son site, BlueCub avance que sa voiture électrique proposée à la location est "écologique".
"On nous présente ces voitures comme propres et vertes. Le groupe Bolloré y va avec des gros sabots, avance Stéphane Lhomme. Un véhicule électrique n’est jamais écologique, d’abord parce qu’il nécessite des matières premières et de l’énergie dont l’extraction et la production ont des impacts sur l’environnement. Ensuite il utilise de l’électricité dont la production est majoritairement d’origine nucléaire, donc polluante !"
Ses arguments ont été retenus le jury de déontologie publicitaire qui estime que la société BlueCub n’a pas respecté un point de recommandation de l’ARPP (autorité de régulation professionnelle de la publicité). Ce point 6/3 stipule que "dans le cas où il serait impossible de justifier des formulations globales (ex : écologique, vert, éthique, responsable, préserver, équitable, durable,…), la publicité doit les relativiser en utilisant des formulations telles que « contribue à".
BlueCub est invité à retirer de son site Internet la diffusion de la publicité. S’ils ne le font pas, nous attaquerons au tribunal", avance Stéphane Lhomme qui a mené ce même type d’actions pour les publicités BlueCar à Paris et Lyon et avait déjà obtenu gain de cause. Le président de l’Observatoire du nucléaire précise qu’il ne fait pas la promotion de la voiture thermique, polluante elle-aussi. Le service communication de BlueCub a indiqué qu’il allait se conformer à cette décision en attendant une certification "énergie renouvelable" d’EDF.
Déplacer une pollution ne l’élimine pas
L’étude de l’ADEME prouve que la voiture électrique consomme plus d’énergie jusqu’à 40 000 km, les performances étant comparables seulement à partir de 100 000 km. L’ADEME note aussi que "à cause notamment des matériaux nécessaires à la fabrication de la batterie, le véhicule électrique possède un bilan [écologique] supérieur au véhicule thermique concernant les émissions de particules."
Finalement, la voiture électrique sert surtout, cyniquement, à délocaliser la pollution. Par exemple :
En France, l’électricité est à 75% d’origine nucléaire, ce qui entraîne :
- des contaminations dramatiques autour des mines d’uranium, en particulier au Niger, bien loin des villes françaises où circulent les voitures électriques
- des rejets radioactifs et chimiques dans l’air et dans l’eau autour des centrales, situées pour la plupart en zones rurales
- la production de déchets nucléaires entassés dans des sites de stockage situées en zones déshéritées très loin des centres urbains.
La voiture électrique sert cyniquement à délocaliser la pollution au détriment de régions et de populations éloignées.
Par ailleurs, les batteries des voitures électriques, en particulier celles de M. Bolloré utilisent du lithium dont l’extraction est cause de graves pollutions de l’environnement en particulier en Bolivie où est anéantie la vie paisible de populations indiennes installées depuis des siècles.
On peut donc conclure que la voiture électrique est tout aussi nocive pour l’environnement que la voiture thermique, et qu’elle permet en outre à des populations urbaines privilégiées de se déplacer en prétendant abusivement "ne pas polluer" et en reportant les conséquences sur des populations éloignées. C’est le comble du cynisme.
Rappels importants :
- L’Observatoire du nucléaire ne fait en aucun cas la promotion de la voiture thermique (essence ou diesel) qui est elle-même une calamité environnementale. Il s’agit par contre de contester le fait que la voiture électrique soit "propre", "écologique", ou "moins polluante que la voiture thermique".
- L’Observatoire du nucléaire n’entend pas "interdire" de se déplacer en automobile (ce qui doit cependant être le cas seulement lorsqu’on ne peut pas faire autrement), il conteste le fait de prétendre que ce genre de déplacement est "écologique" alors qu’il est en réalité très polluant.
- Enfants dans une mine de cobalt au Congo
- Le cobalt est utilisé dans les batteries au lithium ion. L’extraction se fait souvent dans des conditions désastreuses tant au niveau humain qu’au niveau écologique.
Sur ce thème, je recommande très vivement l’excellent petit bouquin "L’arnaque de la voiture verte", qui fait parfaitement le tour de la question. Pour simplifier, la réponse est pratiquement toujours NON, sauf cas très particulier ! !