Avant de joindre Porto Alegre, nous allons passer quelques jours à Florianopolis. C’est une ile touristique d’une centaine de kilomètres de long et d’une vingtaine de large, à quelques encablures à peine du continent, auquel elle est reliée par un pont. Cette étape sera merveilleuse pour nous remettre des 12h de vol et des 3h de décalage horaires.
Départ
Samedi
Aeroport de Roissy. Dernières images du vieux continent : la consommation devenue drogue, avec dépendance et insatisfaction à la clé. La frustration comme modèle de développement.
Le vol est agréable ; les hôtesses nombreuses et aimables, et les repas corrects ; ça change des vols charters auxquels je suis habitué ! Devant chaque passager un écran couleur diffuse films et musiques au choix. Les films sont bourrés d’effets spéciaux. Encore des paradis artificiels...
Dimanche
Premiers jours en Amérique
Nous sommes hébergés par Aldo et Luciano. Comme ils habitent en bord de plage, il y a des palmiers et des cocotiers dans le jardin, et un bar de plage à côté. La veille, pour la pleine lune, ils ont dansé la samba toute la nuit. Il fait très chaud, c’est l’été ici, et l’air est moite. Heureusement il y a un peu de brise, et des ventilateurs au plafond dans la chambre.
Je découvre la boisson locale : le caïpirinha de cachaça. Le cachaça est un alcool de canne à sucre dont la culture a été introduite avec le colonialisme. Pour faire un caipirinha, prenez un citron vert que vous découpez en morceaux, avec ou sans la peau. Ajoutez une cuillère de sucre et écrasez le tout au pilon. Puis ajoutez beaucoup de glaçons, et un demi verre par exemple de cachaça. C’est très bon, ça se boit comme du petit lait, en faisant tourner le verre de personne à personne. La caïpirinha est collective, comme le maté. Aldo et Luciano insistent : ici, on partage tout !
Par ailleurs, vous connaissez surement la chanson motivée "la coucaracha" qui a fait le tour du monde. Je découvre que la coucaracha, c’est le mot espagnol d’un petit insecte noir ailé... qu’on appelle baratta en portugais, et en français, c’est une blatte ! Quel étrange destin ça me fait penser aussi qu’il existe en Italie une danse qu’on appelle la Tarantaise car elle est tellement endiablée qu’on dirait que les danseurs se sont fait mordre par une tarentule.
Nous nous promenons sur la plage.
Les brésiliens sont beaux. Les brésiliennes en bikinis aussi. Il n’y a pas de seins nu au Brésil. Des amis de Luciano en demande d’émotions veulent faire un tour de bateau. Comme ils insistent, je m’embarque à bord d’une grande banane flottante, tirée à toute vitesse par un hors bord. Waouh ! ça bouge ! C’est presque du ski nautique collectif ! Dans la foulée, je m’interroge sur l’empreinte écologique de ce genre de loisir. Faut il passer par la mécanique pour s’éclater aujourd’hui ? Le bateau fait des virages en épingle qui finissent par nous précipiter à l’eau. Dans le choc, je me démantibule la clavicule ... Grrr....
Le soir, nous allons dans un restaurant de poissons et fruits de mer, sur le bord de mer. C’est la nuit. On a la vue sur toute la baie et ses lumières, prolongée par le pont qui relie l’ile au continent, puis par les terres du Brésil.
En entrée on mange des huîtres frites au fromage et des grosses moules du coin cuites à la vapeur. Aldo n’aime pas les huitres gratinées ; il appelle ça des pizza d’huitres ... Quand aux moules, elles sont énormes ! Elles sont servies avec la barbe et les cailloux de leur rocher natal. On ouvre le coquillage, on le saisit par la barbe, on le porte à la bouche, et on rejette la barbe et les cailloux. On reconnaît le sexe des moules à leur couleur : les blanches sont mâles, et les rouges sont femelles. Vous saviez ça, vous ? Comme plat principal, c’est du poisson frit un peu pané qui est servi. Ce sont en fait des anchoix de 50 cm de long qui pèsent 4 ou 5 kg. ça fait gros pour des petites bêtes qui ne dépassent pas les 3 ou 4 cm habituellement ! De retour en France, il faudra penser à laisser grandir les anchois !
Au resto, quand les clients ont payés, ils peuvent demander la saideria, c’est à dire la tournée du patron. En fin de soirée, on s’en sort pour chacun 15 reals, ce qui fait 4 ou 5 euros. C’est pas trop cher ...
Lundi
Cet après midi un terrible orage nous a surpris dehors. Il paraît qu’à l’autre bout de l’île il est tombé de la grêle. Ici, des grandes feuilles de palmier sont tombées dans la tourmente. Nous achetons des ananas et des mangues. Ces fruits frais et juteux sont incomparablement meilleurs que ceux qu’on peut trouver en France ... Hmmm...
J’achète aussi un adaptateur secteur pour brancher mon ordinateur. Ici, il y a un double circuit électrique : en 110 et en 220. J’ai eu l’agréable surprise de constater que mon ordi portable accepte ausi les 2 ! Il y avait juste un problème de format de prise.
La nuit tombée, promenade au bord de l’eau. Les étoiles nous parlent, mais nous ne les connaissons pas. C’est le ciel de l’hémisphère sud. Ici la Croix du Sud. Là, Alpha de Centaure. Plus brillante que les autres, là bas, Vénus rayonne sur fond de Sagittaire.
Repu et épuisé, je m’endors.
Mardi
Levé de bonne heure ce matin, je me sens bien en forme, comme si les effets du dacalage horaire avaient disparus et que le jour, l’ile et le climat s’ouvraient vraiement à moi.
Après un petit déjeûner aux fruits, nous allons nous baigner. Puis j’irai poster ce reportage sur internet. Vu la fréquentation par les touristes (avant la crise il y avait beaucoup d’Argentins surtout), il y a 2 café-internet au petit centre commercial à côté. Il n’y a pas clavier azerty, mais il y a l’ADSL s’il vous plaît !
Cette nuit, nous prendrons le bus pour Porto Alegre. 6 h de route, arrivée à 6h du mat.
Et le Forum Social Mondial pourra commencer !
Sur la préparation et la "sociologie" du maté, j’ai trouvé cette page : http://tango.tango.free.fr/lemate.htm
Voir en ligne : Le Maté et sa préparation