RAPPEL des FAITS
La SICA Biotope des Montagnes rassemble une quinzaine de petits producteurs de plantes médicinales des montagnes françaises qui commercialisent ensembles depuis 1985, avec succès et bonheur, dans le réseau des boutiques bio et diététiques une gamme d’une cinquantaine de tisanes, d’aromates, d’huiles essentielles, d’eaux florales et de cosmétiques.
2000 :
La Répression des Fraudes du Gard à l’occasion d’un contrôle à Biotope, fait retirer de la vente et mettre sous scellé le Millepertuis - Hypericum perforatum L.-, plante aromatisante (liste du Conseil de la CEE 1981), plante vulnéraire traditionnelle et remède anti dépresseur reconnu (British Medical Journal, 2 septembre 2000)
Cette mesure s’appuie sur un avis de prudence que l’Agence Française pour la Sécurité Alimentaire (AFSSA) venait d’émettre quant à l’utilisation de cette plante pour cause d’interaction médicamenteuse [1] avec certains médicaments [2]...
Biotope conserve le droit de vendre le millepertuis aux USA... où la vente est toujours autorisée...
2001 :
L’AFSSAPS (Agence française de Sécurité Sanitaire des Produits de Santé) accorde une autorisation de mise sur le marché pour la spécialité PROCALMIL® (extrait de Millepertuis) aux laboratoires ARKOPHARMA Biotope comme toute la filière bio et diététique française n’a toujours pas le droit de commercialiser librement le millepertuis (cela est toujours le cas en 2007). !!???
La Répression des Fraudes de la Manche prélève des sachets de prêle des champs en l’état - c’est-à-dire non transformée - vendus par Biotope dans un magasin de diététique.
2002
La Répression des Fraudes du Gard contrôle la SICA Biotope accompagnée d’un inspecteur de la pharmacie et constate la mise en vente sur le territoire national de 10 parties de plantes en l’état ou broyées dont “l’usage ne serait pas autorisé en tant que denrée alimentaire”.
Ainsi, 10 plantes devraient être retirées de la gamme des 52 plantes séchées vendues en sachet par Biotope : l’achillée millefeuille, le bleuet, le bouleau, le buis, le framboisier, le fumeterre, le mélilot, la myrtille, la prêle et le souci
Mr Jean Louis FINE, représentant de Biotope, demande un moratoire :
— “La réglementation actuelle est confuse (...) D’ailleurs les pouvoirs publics, conscients de ces incohérences, ont entamé un travail sur la réglementation des plantes (...) [3]
Considérant que les plantes incriminées (...) destinées à l’infusion ou à la décoction répondent à des attentes de plaisir et de bien-être et peuvent être utilisées pour donner de la saveur, de l’arôme, sans nuire à la santé des consommateurs, nous ne comprenons pas pourquoi elles feraient l’objet d’une interdiction. (...)
C’est la raison pour laquelle, dans l’attente d’une nouvelle règlementation qui devrait confirmer l’absence de danger de nos produits dans l’alimentation, Nous vous demandons l’application d’un moratoire. Il y va de notre survie et de celle de nombreux petits producteurs”
Cette demande n’a jusqu ‘à ce jour pas suscité de réponse...
La DGCCRF du Gard transmet le dossier à Madame le Procureur de la République près du Tribunal de Grande Instance d’Alès avec rappel de la législation sur le monopole de la pharmacopée et ajoute :
— “Ces 10 denrées étaient falsifiées car utilisées de manière illicite. Pour pouvoir être licitement commercialisées en dehors du circuit pharmaceutique elles auraient du faire l’objet d’une autorisation de mise sur le marché selon la procédure prévue par le règlement CE 258 du 27 janvier 1997.” [4]
Octobre 2005
Comparution de Jean Louis FINE et de la SICA Biotope au Tribunal correctionnel de Nîmes le 7 octobre 2005, pour « avoir exposé, mis en vente et vendu des denrées agricoles à destination de l’alimentation humaine qu’ils savaient falsifiées, corrompues et toxiques, en l’espèce de la Prêle »
L’audience s’est déroulée dans une ambiance de suspicion et de manque d’intérêt pour l’affaire malgré un plaidoyer argumenté et très documenté de Me Isabelle. ROBARD, donnant l’ensemble des éléments techniques et juridiques pouvant justifier une relaxe sans difficulté. De nombreux avis d’experts ont pu démontrer l’incongruité des accusations.
Un soutien important a été apporté à Biotope aussi bien par des professionnels que des consommateurs de France, de Belgique ou de Suisse. Ce mouvement de solidarité a permis de faire face autant au coût financier qu’à l’énorme travail de construction du dossier de défense
Novembre 2005 :
Surprise : condamnation “Infraction : exposition ou vente de denrée alimentaire, boisson ou produit agricole falsifié, corrompu ou toxique."
Jean-Louis FINE est condamné à 2000 euros d’amende avec sursis - Biotope à 3000 Euros d’amende ferme -Possibilité de remise de 10% en cas de règlement rapide...”
La condamnation par ce tribunal a été motivée par le soi disant non respect de la loi européenne sur les nouveaux aliments de 1997.
La prêle étant une plante de cueillette, le juge estimait qu’elle ne pouvait bénéficier de l’article 1 paragraphe " 2e " de ce texte " (...) à l’exception des aliments ou des ingrédients alimentaires obtenus par des pratiques de multiplication et de reproduction traditionnelle et dont les antécédents sont sûrs en ce qui concerne l’utilisation en tant que denrées alimentaires." [5]
Les plantes de cueillette, obtenues sans multiplication ni reproduction, seraient des aliments nouveaux !!!????
Biotope fait appel
décembre 2006
Nouvelle comparution le 15 décembre devant la Cour d’Appel de Nîmes.
Une cinquantaine de producteurs et amis étaient présents. Biotope et son avocate Me Isabelle ROBARD ont apporté une série de documents supplémentaires pour la demande de reconsidération du verdict de novembre 2005 :
– Des courriers émis par les services juridiques européens santé et consommateurs, donnant une interprétation correcte de ce règlement confirmant notamment que les plantes sauvages -y compris de cueillette- utilisées en tant qu’aliment - ne serait-ce que dans 1 département d’un pays européen ne sont pas concernées par cette loi sur les nouveaux aliments.
– Des attestations d’autres producteurs et revendeurs de tisanes, aromates, purins, etc. (France et autres pays européens) commercialisant la prêle des champs, en toute liberté.
– Des témoignages de scientifiques attestant de l’innocuité de la prêle.
– Plus de 10.000 signatures pour la libre vente et usage de la Prêle des champs (Equisetum arvense L.) et des savoirs populaires.
Contrairement à la première comparution, le président de la Cour d’appel et l’avocat Général étaient intéressés par la problématique.
Par contre la répression des fraudes n’a pas jugé nécessaire d’assister à la comparution.
2 Février 2007 :
Le 2 février, le verdict de l’appel libère Biotope et son responsable Jean Louis FINE de tout soupçon de délit, ce qui clôture - pour le moment - ce long combat pour la survie de la coopérative.
BIOTOPE et Jean Louis FINE sont relaxés
Biotope et son responsable ont ainsi - persuadés de leur bon droit - défendu depuis six ans non seulement leur existence propre mais également la survie de toute une partie de la filière. Un nouveau départ est possible grâce aux nombreuses personnes qui les ont soutenus dans la lutte pour cette profession ancestrale et pour la liberté des consommateurs d’acheter ces plantes bios auprès des paysans. Qu’ils en soient remerciés !
Conclusion
Cette relaxe montre le dysfonctionnement des services de la Répression des fraudes dans une période de notre histoire où nous sommes submergés par les règlements, normes et autorisations élaborées pour (et par ? [6] ) les industriels de l’alimentation, de l’agrochimie et de la pharmacie
Les démarches et les dossiers requis pour ces autorisations participe d’un mode de civilisation de type industriel, la plupart du temps relativement inadapté à un mode de production ou de transformation écologique. Leur lourdeur et leur coût sont tels que leur développement actuel et attendu devient un handicap insurmontable pour les petits producteurs, et qu’il les entraîne à terme, de fait, vers l’illégalité ou la disparition.
Il est inadmissible que la Répression des Fraudes devienne l’instrument des plus forts, mettant en insécurité juridique des gens qui travaillent en toute bonne foi.
Ce procès est un exemple typique de la mise en accusation sans aucune concertation ou possibilité de discussion ce qui en démocratie est inquiétant.
La relaxe prononcée confirme que Biotope et son représentant avaient bien interprété le règlement UE et une concertation aurait très largement évité tout ce gâchis d’énergie et d’argent public et privé.
Le souhait de ces petits producteurs est que la Répression des Fraudes soit - comme d’autres services équivalents en Europe - axée non pas sur la Concurrence, la Répression et les Fraudes mais devienne un interlocuteur privilégié (pour toutes les entreprises n’ayant pas les moyens techniques ou financiers pour se payer des services juridiques) servant d’interface entre les consommateurs, les actifs, les professionnels et le législateur.
Ce service qui fonctionne de manière “ bête et méchante “ selon les propres termes utilisés par l’inspecteur qui était venu à Biotope, serait bien inspiré de développer une pratique “intelligente et concertée”.
Cette relaxe montre aussi à notre sens un autre dysfonctionnement, celui de la Justice, qui dans la même Cour d’Appel, et pour un problème de fond similaire (défense du patrimoine et des intérêts populaires en l’espèce des semences anciennes paysannes) a lourdement condamné quelques jours avant Biotope l’association de sauvegarde des semences traditionnelles KOKOPELLI.
Cette affaire montre une fois de plus qu’il est urgent de redonner un statut aux “simples”, plantes traditionnelles à usages multiples.
En effet, il n’existe pas à ce jour de statut légal clair pour ces espèces qui sont à la fois des remèdes, aliments, cosmétiques et/ou plantes phytosanitaires....
L’énergie du plus grand nombre doit maintenant s’affirmer pour aboutir à la possibilité aux producteurs de donner les vertus les plus courantes aux plantes appartenant aux savoirs populaires, patrimoine de l’humanité en dehors de quelque monopole que ce soit.
Les producteurs du syndicat SIMPLES (Syndicat Intermassifs pour la Production et L’Économie des Simples), ainsi que de nombreux ethnobotanistes et scientifiques et consommateurs ont d’ores et déjà créé un collectif “POPULUS” [7] qui travaille à proposer des solutions adéquates aux pouvoirs publics (construction d’un corpus de référence : ouvrage site Internet pour le grand public, réhabilitation du diplôme et du métier d’herboriste).
La situation actuelle où le déficit de la Sécurité Sociale incite nos gouvernants à prôner l’automédication, et le déficit de personnes compétentes reconnues pour délivrer les simples devrait en théorie permettre d’accueillir favorablement ce travail.
Si toutefois les multinationales cessent de se rendre ridicules en inquiétant les paysans de BIOTOPE, KOKOPELLI qui ne font que perpétuer des traditions ancestrales salutaires pour tous.
BRAVO !!!, je suis une passionnée des plantes médicinales et des solutions de santé alternatives ainsi que sur la nutrition, c’est le parcours du combatant face au laboratoires qui fabriquent les médicaments copiant la nature par la chimie de synthèse, finançant à plus de 90% les études de nos médecins actuels et futurs c’est tout dire. Ajouter à celà l’agroalimentaire qui nous empoisonne et des médecins former à prescrirent mais surtout pas à remettre en question notre manière de manger, des dirigeants qui permettent celà et pour résultats des gens qui ne savent plus où ils habitent tellement ce que l’on voit et ce que l’on vit aujourd’hui manque de bon sens, perdus qu’ils sont entre les médecins charlatans, des pharmaciens uniquement commerçants et ces pauvres simples qui ne remplissent pas les poches des laboratoires pharmaceutiques surtout. Le fameux trou de la sécu me fait rager, j’ai travaillé chez des médecins pendant plus de 20 ans et en majorité ils me font hontes. Aucune écoute, focalisés sur le nombre de patients pour s’en sortir, surtout pas plus d’un quart d’heure par personne, se formant en quelques week-end à des modules d’ostéopahie, de mésothérapie etc... ceci la plupart du temps pas par intérêt réel mais pour la surfacturation qui en suivra. ilautéléphone pour le SAMU. Il faut savoir qu’un médecin généraliste voit entre 40 et 50 personne par jour, visites à domicile et consultations confondues pour les grosses journées du lundi et du vendredi. Ajouter aussi que jamais il ne ramènent le patient au B.A.BA de la santé c’est à dire ce que nous mangeons pour résumer car il y a bien d’autres facteurs de mauvaise santé entre autre le stress généré par le non sens de notre société ou l’humain et l’empathie ne sont rien comparé au pouvoir qu’accorde le fric.Bravo et toute ma sympathie et mon soutien pour votre combat qui est celui de tous, dont nos enfants et petits enfants étant grand-mère .nina