J’aperçois au stage Gigantinho un pan de mur entier couvert de citations et slogans en français, ce qui est plutôt rare !! C’est le stand du GFEN, mouvement d’éducation nouvelle.
Marie Claude Charpentier est assise à une table et répond aux questions.
" Nous sommes de nombreux enseignants qui pensons que l’école pour tous ça peut être une réalité avec de bons résultats, si on le décide.
Tous les enfants et tous les adultes de tous les peuples sont capables d’apprendre. Si un enfant échoue, c’est que ce qu’on lui apprend ne fait pas sens pour lui. On doit alors s’interroger : comment est-ce que je change ma pratique ?
Ce travail, nous le menons aussi avec des adultes dans des quartiers réputés difficiles, ou avec des syndicalistes, comme le CCAS de EDF, ou avec la Confédération Paysanne. Les participants prennent peu à peu conscience que tout changement social ou politique en vue de plus de démocratie passe par la transformation des mentalités.
Il suffit pas de dire que les gens sont citoyens, il faut qu’il puisse mettre leur citoyenneté en acte. Voter, certes, mais surtout intervenir au quotidien dans tout ce qui concerne le citoyen.
Dans tous nos secteurs d’activité (poésie écriture, arts plastiques, pratiques sociales, langues, alphabétisation, ...) on se demande comment mettre en oeuvre ces principes. Et peu à peu on construit des pratiques nouvelles, pour la cité et pour l’école. Par exemple, après le 1er tour en 2002, on a organisé des groupes de prise de parole, sur le thème " Comment on fait pour prendre la parole pour de bon ? ". En général les enfants il adorent.
René Croci est instituteur depuis 25 ans à Yutz. Il a entamé avec sa classe une correspondance-écriture avec Armand Gatti autour de son oeuvre "La parole errante". Ce travail était tellement impliquant pour les enfants que peu à peu les parents se sont aussi mobilisés. Une association " le groupe des oiseaux " a été créée, et des rencontres avec le quartier sont organisées, où tout le monde vient ! Ya même des échanges avec des journalistes et des écrivains de plus loin, de Marseille, Porto Alegre etc " !
Extrait de votre article :*** *** Tous les enfants et tous les adultes de tous les peuples sont capables d’apprendre. Si un enfant échoue, c’est que ce qu’on lui apprend ne fait pas sens pour lui. On doit alors s’interroger : comment est-ce que je change ma pratique ? ***
Je suis entièrement d’accord avec vous ! J’ai par contre la forte impression que dans certains pays il y a une volonté de ne pas ’faire apprendre’, ni correctement, ni décemment.
Pour preuve, le rapport PISA, mettant en point de mire un pays soi-disant moderne et des plus riches, reléguant ses étudiants dans les derniers rangs des tests sélectifs. En termes crus : ‘Ces étudiants ne comprennent rien !’ Car c’est bien de compréhension qu’il s’agit, compréhension à la lecture, compréhension au dialogue.
Un blâme pour ce corps enseignant ou pour la tutelle de l’Education Nationale ?
Qui ne s’acquitte pas de ses tâches ?
Mais ne veut-on pas tout simplement freiner la masse intellectuelle, ? Former des esprits à penser, à réfléchir et à réagir n’est-il pas dangereux pour la libre interprétation d’une caste dirigeante à concevoir sa propre manière de régner ?
Je trouve en outre que la mobilisation n’est que de parole et théorie, quand il faut agir, c’est la magie qui s’opère, en d’autres termes, tout le monde disparaît !
Si ‘on’ veut enseigner quelque chose de valable et digne d’intérêts, ‘on’ le peut, quitte à se frotter à l’administration, qui de toute façon ne connaît pas le récipient dans lequel elle veut verser la soupe !
Faut-il vous distiller des idées pour cette éducation nouvelle ?
Luxembourg, 25 novembre 2003