Expérimenter la MC
Souvent les groupes réussissent à prendre leurs décisions sans se rendre compte des règles qui toujours et de toute façon, sont implicitement présentes dans le processus même de prise de décision. : il est impossible de ne pas prendre de décisions, chaque décision implique une façon de décider.
Expliciter quelques unes de ces règles, en se référant par exemple aux principes partagés, active un important processus de maturation à l’intérieur du groupe, augmente le pouvoir et la responsabilité individuelle et peut aider à rendre les réunions plus satisfaisantes et efficaces : cet instrument proposé ici peut aider à créer un climat de plus grande confiance et de clarté.
En pratique, le point A devrait être lu et "rapidement" ; approuvé au début de la réunion (s’il y a des obstacles, il est préférable de laisser tomber la MC : il manque les bases).
Les points B et C, qui sont plus des axes d’orientation que de véritables règles peuvent être simplement lus sans approbation formelle, toutefois il est très utile de vérifier la tendance des participants au regard de telles orientations, parce que dans la mesure où elles sont partagées, elles peuvent être rappelées et utilisées pendant la réunion.
Droits des participants et Indications
A) déclaration des droits de chaque participants
– J’ai le droit d’être traité avec respect. Les autres aussi.
– J’ai le droit d’avoir et d’exprimer des opinions et des sentiments. Les autres aussi
– J’ai le droit d’être écouté et pris au sérieux. Les autres aussi.
– J’ai le droit de dire "non" ; sans me sentir en faute. Les autres aussi.
– J’ai le droit de demander ce dont j’ai besoin. Les autres aussi.
– J’ai le droit de changer d’opinion. Les autres aussi.
B) indications pour une communication constructive
– Utiliser des messages "je" de débat constructif.
– Ecouter attentivement, et vérifier si on a vraiment compris ce que les autres voulaient dire, et vice versa.
– Faire attention non seulement aux contenus, mais aux sentiments exprimés.
– Distinguer les personnes des problèmes et de leurs actions : éviter d’attribuer des intentions aux autres et de les juger, s’en tenir aux faits et aux comportements.
– Etre précis et éviter les généralisations.
C) indications pour coopérer dans le conflit.
– Passer de la vision "moi contre toi" à celle de "nous".
– Passer de la "prise de position "aux intérêts et besoins en jeu.
– Se concentrer non sur le passé, mais plutôt sur le présent et sur le futur.
– Passer de l’Impossible au Possible.
– Passer de la culpabilisation à la responsabilisation.
Une personne qui exprime une proposition absurde du type "A est non-A", "le chaud est froid", etc., a-t-elle "le droit d’être prise au sérieux" ?
Dire "moi je" au lieu de "A est B" est-il porteur de clarification de termes objectifs d’un problème commun ?
Prêter attention aux "sentiments" et non seulement aux propositions est-il compatible avec le fait de ne pas "juger" des "intentions" implicites d’un intervenant ? Y at-til un bon et un mauvais exercice du jugement ? Ne sagit-il pas plutôt d’avoir un jugement droit, sur toute chose, y compris la validité d’une position ?
Tout problème, toute position, toute énonciation, sont-ils réductibles à des "opinions" ? Toute parole a-t-elle la même valeur pour un groupe donné (ainsi par exemple celle d’un bébé de deux ans, ou celle de quelqu’un qui ne parle pas la même langue que le reste du groupe) ? La logique est-elle abolie par la bonne volonté (supposée) et l’égalité de validité de tous ceux qui disent rechercher le consensus ?
Est-il rationnel de parler de "coopérer dans un conflit" ? La contradiction n’est-elle pas d’abord à chercher dans le discours d’un individu donné, avant de la poser comme interpersonnelle ? Une personne "responsable" ne l’est-elle pas notamment par la reconnaissance de sa "culpabilité" éventuelle (c’est à dire sa faculté de se tromper, d’avoir tort) ? Toute évolution dans un discours doit-elle être rammené à un "changement d’opinion" ? N’est-elle pas la manifestation de la levée d’une contradiction dans le discours précédent, et donc du renoncement à une opinion fausse, et du passage à une opinion considérée comme vraie ?
La notion de vérité est-elle bonne à jeter aux ordures de l’histoire ? Est-elle inéluctablement réduite à celle de "communication constructive" ? Doit-on renoncer à penser et à dialoguer, pour se contenter de "s’exprimer" et "communiquer" ?