Un lieu convivial
Situé à Montreuil à proximité du centre ville, ce lieu ne sera pas luxueux, ni tendance. Cette cantine sera chaleureuse, conviviale, confortable et ouverte à tous. Elle sera meublée et équipée exclusivement de récupération : de grandes tables, des bancs. Un coin détente sera aménagé.
Les cuisines seront ouvertes sur la salle, les clients pourront manger sur place ou emporter leur plat. Un service de consigne peut être mis en place pour les plats à emporter, et ainsi éviter la prolifération de déchets.
Une Amap, à la taille d’une cantine !
Cette cantine coopérative sera le fruit de l’association de citoyens et d’agriculteurs désireux de promouvoir les produits locaux, de saison, cultivés de manière raisonnée, et/ou biologique. La cantine subventionnera des agriculteurs, des éleveurs, (comme une AMAP), en échange de produits de qualité, à des prix raisonnables, qui seront répercutés sur les prix des repas servis. Ainsi, les fournisseurs deviennent des collaborateurs, des acteurs de cette cantine.
À noter que le tout bio ne peut être mis en place actuellement pour la simple et bonne raison qu’il n’y a que 15 maraîchers bio en Ile de France. À vouloir ne servir que des produits biologiques, nous nous confronterions aux mêmes soucis que les AMAP qui ne peuvent accueillir tous les prétendants, faute de stocks suffisants. L’agriculture biologique représente seulement 2% la production nationale, alors qu’en Italie elle en représente 20%.... Il reste la possibilité de se fournir ailleurs que dans la région, mais le coût de transports des denrées, ne permettra pas des prix abordables. Voilà pourquoi il est nécessaire de valoriser la proximité, l’agriculture raisonnée tout autant que biologique. C’est aussi de notre responsabilité de citoyens, que nos paysans produisent des produits sains, pour cela il faut leur proposer des débouchés durables pour leur ferme. Il serait aussi intéressant de tisser des liens avec les associations de Montreuil qui valorisent le site des murs à pêches. Voire a plus ou moins long terme imaginer une annexe de la marmite qui cultivera des terres avec des visées pourquoi pas, éducatives : La marmite au jardin !
Des adhérents actifs
Le rôle des adhérents est multiple et varie selon le moment et l’état du projet. Aujourd’hui les adhésions vont principalement servir à la réalisation d’un premier repas cet été. Les adhérents actuels peuvent aider l’association en développant un réseau de connaissances. Cet été, les membres auront un rôle plus pragmatique à jouer, dans la réalisation de ce premier repas : par exemple : décoration du lieu, aide à la mise en place, aide à la communication etc…. Quand les aides, l’argent, seront réunis, le local trouvé, le chef cuisiner recruté, les adhérents pourront aider à meubler le lieu : don de meubles, vaisselle, aller chez Emmaüs (ou autres), restauration de meubles, déco, pub…. Une fois le lieu crée, les adhésions serviront principalement à subventionner les agriculteurs partenaires, en échange de prix préférentiel sur les repas.
La marmite doit, une fois créée, s’autosupportée. Les prix doivent être fixés en fonction des coûts de productions (denrées, salaires etc…).
Mais pourquoi la Marmite d’Eugène ?
"Tant qu’un Homme pourra mourir de faim à la porte ! d’un palais où tout regorge, ! il n’y aura rien de stable dans les institutions humaines"
Eugène Varlin était un militant socialiste communard, on lui doit, (entre autre), en 1868, l’ouverture d’un restaurant coopératif "la Marmite" rue Mazarine puis, rue Larrey. C’est un succès, la Marmite ne sera fermée qu’à la chute de la Commune en 1871. Cette coopérative comptera jusqu’à 8000 adhérents.
L’appel d’Eugène Varlin 1868
Aux Ouvriers, aux ouvrières, aux consommateurs, appel pour la formation d’une cuisine coopérative : « Depuis quelques années, les ouvriers ont fait de grands efforts pour obtenir l’augmentation de leurs salaires, espérant ainsi améliorer leur sort. Aujourd’hui les spéculateurs prennent leur revanche et font payer cher les aspirations des travailleurs en produisant une hausse excessive sur tous les objets de première nécessité et particulièrement sur l’alimentation. On a proclamé la liberté du commerce ; la spéculation en use pour nous exploiter à merci.
Travailleurs ! consommateurs ! ne cherchons pas ailleurs que dans la liberté le moyen d‘améliorer les conditions de notre existence. L’association libre, en multipliant nos forces, nous permet de nous affranchir de tous ces intermédiaires parasites dont nous voyons chaque jour les fortunes s’élever aux dépens de notre bourse et souvent de notre santé. Associons-nous donc, non seulement pour défendre noter salaire, mais encore, mais surtout pour la défense de notre nourriture quotidienne. Déjà, des sociétés d’approvisionnement de denrées de consommation se sont formées et fournissent à leurs membres des denrées alimentaires de bonne qualité et à prix de revient ; une vaste société coopérative s’organise pour fabriquer et fournir à ses sociétaires du bon pain, à bon marché ; mais les gens de ménage seulement peuvent profiter des avantages de ces sociétés. Une nombreuse population d’ouvriers, d’ouvrières, absorbée par un travail journalier incessant, ne peut s’alimenter qu’au dehors, dans des établissements publics où l’on trouve le luxe avec la cherté, ou bien, avec un bon marché relatif, une nourriture malsaine ou un service malpropre. C’est à cette nombreuse population de travailleurs, c’est à vous tous, ouvriers, ouvrières surtout, qui voyez disparaître si vite le modique salaire de vos laborieuses journées, que nous faisons appel aujourd’hui. Unissons-nous. Formons une société coopérative d’alimentation. Quelques cotisations nous permettrons facilement l’achat d’ustensiles de cuisine et la location d’un logement où quelques employés, travailleurs nous, et nos associés, nous prépareront une nourriture saine et abondante que nous pourrons, à notre gré, consommer dans notre établissement ou à emporter chez nous. Point de luxe, point de dorures ni de glaces, mais de la propreté, mais du confortable. Nous réaliserons là des avantages que n’obtiennent pas les ménages : économie de temps, car il n’est pas plus long d’approvisionner et de faire cuire pour 50 personnes que pour deux ou trois ; meilleure cuisine, car une personne de métier y consacrant son temps et son savoir doit faire mieux qu’une ménagère sans instruction culinaire et souvent pressée par le temps. Nous obtiendrons même, pour nos approvisionnements, des conditions meilleures que la plupart des gargotiers, en nous unissant pour nos achats, avec les sociétés de consommation existantes. Que tous les consommateurs soucieux de leur bien être se joignent à nous et bientôt nous ouvrions un premier établissement dans le VIème arrondissement, où réside groupe d’initiative, puis successivement, au fur et à mesure, que nos ressources le permettront, nous en ouvrions dans tous les quartiers où nous aurons réuni un nombre suffisant d’adhérents (…). »
Cette rubrique fait écho au dossier publié dans Passerelle Eco n°36 sur "Montreuil Ville Comestible" et dont on trouve dans cette rubrique "Villes en Transition" un ensemble d’aspects développés :
– D’autres pains sont possibles.
– Le blé de Montreuil, du semis à la farine.
– Du blé aux murs à pêches ?
– La naissance du jardin des murs à pêches.
– De l’or brun en partage
– Le jardin partagé de la dalle Hannah Arendt, un potager qui ne manque pas d’air
– De l’économie sociale et solidaire à Montreuil.
– La marmitte d’Eugène
– Les Filles du facteur, le crochet pour recycler et mener des actions avec le Sud.
– Un café couture à Montreuil
Aux dernières nouvelles, La Marmite d’Eugène n’ouvrira que le 21 mars 2011. Patience, donc...