L’équilibre des échanges : quantifier ou non ?
Dans l’économie monétaire, on utilise l’argent et le système judiciaire comme garantie. Les alternatives valorisent la responsabilité de chacun, la confiance, la relation de qualité. L’essentiel est de faire avancer les projets, que chacun trouve une réponse à ses demandes, ou à offrir ses services, que l’entraide fonctionne, bref : l’essentiel est d’échanger. Ensuite, on s’arrange toujours, car les moyens sont multiples.
Cet article présente les alternatives actuelles : le don,le troc traditionnel, le SEL et le JEU Jardin d’Echange Universel, selon leurs aspects quantifiants ou non quantifiants, puis introduit les Passeval’heures, un système d’échange non centralisé, ouvert, et non quantifiant. Cette proposition a été formulée en 1999 et était proposée pour l’équilibre des échanges du Réseau d’Echange et d’Entraide Eco, dont les annonces sont publiées chaque trimestre dans la revue Passerelle Eco, l’annuaire éco permettant la mise en contact des participants ayant des annonces complémentaires.
traditionnellement : le troc et le don
le troc
– Fred et Nath participent au Système d’Echange Eco.
– Fred sait greffer, Nath a des pruniers. Fred enseigne à Nath la manière de greffer les pruniers.
– En échange, Nath s’occupe Dimanche du gîte d’étape de Fred, pendant que celui ci est absent.
A la campagne, entre voisins, il était courant de s’échanger des services. Chacun savait où il en était avec ses voisins, et gérait sans comptabilité la réciprocité à long terme.
le don
– Fred rend service à Nath. Il n’attend rien en échange.
A la suite des ethnologues, on estime que le don est accompagné d’un contre-don immatériel : reconnaissance, dette morale, prestige, ...
Des alternatives quantifiantes : les SELs et le JEU
Les SELs et le JEU comptent tout au moyen d’une unité : le grain de SEL qui porte différents noms et équivalences en valeur selon les terroirs. L’unité ne sert à rien en dehors du système. Elle précise seulement où chacun en est dans ses échanges, de manière à les équilibrer. Pour échanger, les 2 personnes doivent disposer d’une feuille d’échange du SEL local ou du JEU. Après s’être accordé sur le nombre d’unités, le receveur du service débite sa feuille d’échange de ce montant, le donneur crédite la sienne d’autant.
– Fred greffe les abricotiers de Nath.
– Ils ont convenu d’une valeur de 120 unités, sur la base de 60 unité par heure de service.
– Fred, qui avait un solde négatif de -90 unités ajoute + 120 unités et il se retrouve donc à +30.
– Nath qui avait un solde de +100, en soustrait 120 unités, et se retrouve donc avec un solde négatif de -20 unités.
Dans la mesure où ils sont quantifiés, les SELs et le JEU peuvent être assimilés à des monnaies parrallèles. Ils n’échappent à cette qualification juridiquement pénalisante qu’en plaçant le motto "le bien plutôt que le bien" comme mot d’ordre de leur fonctionnement. Ils se cantonnent ainsi le plus souvent à des échanges de convivialité, échappent ainsi aux foudres du fisc, mais échouent aussi à construire des modes de vie et d’économie alternatifs.
Les billets PasseValeur
La recherche d’un moyen de faciliter les échanges sans nécessairement les quantifier amène à imaginer un mode d’échange dans lequel l’équilibre est assuré par la description des biens ou services échangés,
Exemple de design (1999)
– Le RECTO mentionne les coordonnées et les annonces de l’émetteur de ce bon de Valheure. Les annonces d’Offres lui permettront de fournir la réciprocité au service qu’il reçoit.
– Le VERSO indique la valeur de ce bon = le 1er échange, et indique les différents échangeurs utilisateurs de ce bon.
Situation exemple et fonctionnement
– Émile se fait aider par Bernard pour construire un atelier en bois cordé.
– Pour le remercier de sa participation, Émile donne à Bernard un PasseValeur, avec inscrits dessus ses coordonnées et ses annonces.
– Au dos du PasseValeur, Émile écrit : " J’ai reçu 2 jours de coup de main pour construire une maison en bois cordé ".
– Plus tard, Bernard participe à un stage de théâtre organisé par AnnSo.
– En échange, il lui donne le Passeval’heure émis par Émile. Il peut alors compléter la description de la valeur du billet en inscrivant "stage théâtre" etc...
Le PasseValeur est une mémoire et un signe de reconnaissance. En plus d’inviter à l’échange et de permettre un certain équilibre des échanges des différents partenaires, il diffuse au fur et à mesure les annonces de l’émetteur initial. A un moment, le billet sera en possession d’une personne justement intéressée par cette offre initiale : cela permettra à l’émetteur de rendre un service réciproque équilibrant celui qu’il a reçu au début.
– Un jour, Joelle reçoit le passevaleur initialement émis par Émile.
– Elle constate que Émile propose des conseils en architecture bioclimatique, ce qui l’intéresse bigrement puisqu’elle a un projet de construction.
– Joelle prend contact avec Emile ; ils se mettent d’accord, et l’échange a lieu.
– Émile récupère sa carte.
La boucle est alors bouclée, l’équilibre global est réalisé.
Esprit
Un intérêt majeur des passeval’heures est que vous pouvez les utiliser avec des personnes auxquelles vous faites confiance et sans qu’elles aient adhérées à quoiquece soit. Il n’y a aucune formalité : juste accepter le billet : en plus d’être non quantifiant, c’est un système ouvert.
Pour assurer la traçabilité des échanges et sécuriser le parcours de votre carte, les personnes qui utilisent votre carte indiquent leurs coordonnées au dos.
Contrairement à des billets, les Passevaleurs peuvent être photocopiés ou créés en fonction de vos besoin. Sur une face figurent vos annonces, sur l’autre face, vous décrirez le service reçu (pour lequel vous donnerez cette carte), et les utilisateurs inscriront leurs coordonnées.
Difficultés rencontrées
Les billets étant personnalisés avec les annonces individuelles de l’émetteur, et tout le monde n’ayant pas les moyens de PAO ou d’éditer ces billets, il faut une structure centrale pour assurer l’émission. Passerelle Eco ou un autre organisme pourrait jouer ce rôle.
La priorité donnée à l’appréciation de la Qualité a été ressentie comme trop difficile à mettre en oeuvre par de nombreux participants.
Cette réflexion reste intéressante en tant que direction à creuser pour les alternatives à l’économie financière. Une autre forme de billet a été conçue, qui facilite cela, les Bons d’Echanges Universels.
Avant toute chose, connaisez-vous les travaux (qui sont plutôt des expérimentations ayant donné lieu à un enseignement) du major Clifford Hugh Douglas (1879-1952) et de son excellent répercuteur Louis Even (1885-1974) ? Des banques de chiffres sont en cours de démarrage dans plusieurs endroits du monde. Elles fonctionnent selon les propositions de C. H. Douglas reprises par L. Even. Avant, éventuellement,un plus ample informé, merci de m’indiquer si vous connaissez les principes de ce que l’on appelle donc : le Crédit Social. Renaud L a i l l i e r le 14 août 2005
courrier électronique : l142857r@hotmail.com (attention, la 1ère lettre de cette adresse électronique est un l minuscule, et non un 1) Cordialement