Choix du matériau : la laine de bois
Lorsque nous avons lancé le chantier, nous n’étions pas encore complètement fixés sur la nature de l’isolant que nous allions utiliser.
Pour la toiture de la pièce de vie, nous avions utilisé de la laine de mouton, brute et non lavée, achetée à un paysan habitant à 3 kilomètres. Cette technique d’isolation nous avait plû par sa simplicité, par son faible coût (0,5€ le kg de laine environ) et par son écologie (très peu de transport, aucune transformation du matériau).
Toutefois, une inconnue subsiste quant à la résistance de la laine de mouton brute dans le temps : dans certaines maisons, il n’y a aucun problème, mais dans d’autres, les mites attaquent et trouent la couche de laine, la rendant inopérante à empêcher la libre circulation des thermies...
Nous avons donc décidé de laisser la laine de mouton pour la pièce de vie déjà isolée, et de choisir un autre matériau pour le bureau à réaliser.
Par ailleurs, comme il s’agit d’une rénovation, il n’est pas possible, ou extrêmement difficile, d’installer un parepluie parfait : les chevrons succèdent aux liteaux et forment sous les tuiles un obstacle quasi insurmontable pour le passage d’un parepluie, surtout que celui ci doit avoir théoriquement une continuité parfaite pour assurer l’écoulement des eaux sous les tuiles jusqu’à la goutière (en particulier : comment passer l’obstacle des pannes intermédiaires entre la faîtière et la sablière ? Si un pro de la rénov prétend avoir une solution, je veux bien la connaître ! ) Il nous fallait donc tabler sur une étanchéïté au mieux de la couverture, et sur un matériau isolant qui ne craigne pas trop l’humidité.
Il y avait bien le liège, qui est réputé imputrescible, mais qui coûte cher, et qui vient de loin : du Portugal souvent, mais aussi d’Amérique du sud !
En raison de ses qualités, la laine de chanvre était aussi une candidate sérieuse, mais c’est finalement sur la laine de bois que nous avons porté notre choix. La laine de bois a une inertie thermique plus importante, et induit un déphasage temporel plus important également. Nous avions envie de tester. Et puis avantage décisif également : elle était disponible chez notre distributeur local en matériaux d’écoconstruction ...
Celui-ci nous informa aussi de la disponibilité d’un panneau de laine de bois compacte, en 2cm d’épaisseur, et qui faisait également office de parepluie. Nous avons décidé de l’employer en couche supérieure, sans toutefois assurer une continuité depuis le haut jusqu’à la goutière (chose impossible dans notre cas de rénovation). L’intérêt demeurait quand même : en cas de fuite entre 2 tuiles, ou de neige infiltrée, la laine de bois en dessous était protégée, et le parepluie concentrerait les fuites en un endroit très localisé, où elle serait détectée en dessous, entraînant immédiatement la réparation de la fuite. Nous n’avions toutefois jamais constaté de fuite sur cette toiture malgré les abondantes pluies des mois précédents, et neiges de l’année précédente.
Description de notre isolation de toiture en laine de bois
Du haut vers le bas, voici comment cela se présente :
– les tuiles anciennes
– portant les tuiles, les liteaux fixés sur les chevrons
Cette partie soit était présente d’origine, soit a été refaite l’été dernier.
– En dessous des chevrons nous avons agraphé un écran de grillage de maille de 1,2cm. Ce grillage est destiné à faire obstacle à la plupart des rongeurs, lérots et loirs, qui pullulent par chez nous, en lisière de forêt (au point qu’on appelait parfois le lieudit "léroland"...)
– Sous ce grillage, ont été fixés les panneaux de laine de bois compressée. Pour cela on a enfilé des rondelles découpée à la main dans de l’isorel récupéré, elles mêmes retenues par des rondelles métalliques. On avait ainsi une large surface d’appui pour bien comprimer ces fragiles panneaux de laine de bois.
– Puis, c’est la couche de 10cm de plaques de laine de bois.
– Puis, vient une sous-charpente de 8cm d’épaisseur (un demi chevron plus un liteau de 2cm). Cette souscharpente est formée de caissons de 60cmx120cm, dont le rôle est multiple :
- porter la couche de laine de bois supérieure
- contenir les plaques de laine de bois de 8cm
- porter les voliges
Les morceaux de bois de cette sous-charpente qui n’avaient pas été traités d’origine ont reçus une couche de sel de bore passée au pinceau, pour les protéger contre le pourrissement et les insectes.
– Les plaques de laine de bois de 8cm d’épaisseur sont inclues dans ces caissons. Là où nécessaire, on colmate soigneusement les interstices.
– Enfin, en dessous, viennent les voliges. Ce sont des planches ultra fines de douglas : moins de 1 cm d’épaisseur, qu’un scieur local a réalisé exprès pour nous. Elles font 8 ou 9 mm d’épaisseur. Les plus grosses scieries disent que c’est impossible une planche de douglas de moins de 1cm, mais on le sait ben que c’est possible, nous : c’est comme ça qu’on a déjà fait les voliges de l’isolation en laine de mouton ! Sauf qu’à l’époque, la volige était horizontale, alor que là, on la met à la verticale...
Les voliges sont donc vissées aux montants horizontaux des caissons de la contrecharpente.
- Détail de l’isolation en laine de bois
- On voit :
– le grillage anti-rongeurs (sur la panne)
– le panneau de laine de bois, tenu par des vis avec grosses rondelles d’isorel
– la première couche 10cm de laine de bois
– la contrecharpente qui contiendra la couche de 8cm de laine de bois
Il ne manque plus, en dessous, que la volige.
– le grillage anti-rongeurs (sur la panne)
– le panneau de laine de bois, tenu par des vis avec grosses rondelles d’isorel
– la première couche 10cm de laine de bois
– la contrecharpente qui contiendra la couche de 8cm de laine de bois
Il ne manque plus, en dessous, que la volige.
A chaque couche, on change l’orientation :
– les panneaux parepluie sont horizontaux
– les plaques de 10cm sont verticales
– les plaques de 8cm sont horizontales.
– les voliges sont verticales
Ainsi on se garantit qu’il n’y aura pas de courant d’air traversant l’isolation entre les plaques, et on se prémunit au mieux contre les ponts thermiques.
Mise en oeuvre par le chantier participatif
Cette isolation a été le principal chantier de la première session du chantier participatif en écoconstruction de l’été 2007 ...
Les participants ont bien apprécié la matière de la laine de bois : on peut la prendre à pleine main, la déchirer pour l’adapter aux formes courbes des anciennes poutres ou du vieux mur. Elle est spontanément chaude et douce. Lors de la pose, les poussières de la laine de bois encombrent un peu l’air et les narines à force de manipuler les plaques, mais ça reste très supportable. Ces poussières de bois n’ont évidement ni l’agressivité ni la toxicité de celles de la laine de verre. Au contraire, au toucher, la laine de bois se révèle chaude, voire très chaude sous une texture doucement rugueuse.
Roxane et Brandon, puis Roxane et Sylvain, ont ensuite découpés les voliges devant se poser contre le mur. Roxane en parle dans son compte rendu de stagiaire architecte...
L’équipe de la 2ème session du chantier participatif a plus travaillé sur la préparation puis la réalisation de la chappe de chaux et copeaux de bois pour le sol de la future salle d’accueil (cuisine salon salle à manger salle de bain scène...), mais une partie des stagiaires avançait en parrallèle sur cette isolation : finir la contrecharpente, finir la pose des plaques, et commencer la pose des voliges, de chaque côté, là où la volige appliquée tout contre les murs de pignons et refend doit en suivre le contour inégal.
C’est bien d’avoir plusieurs possibilités de travaux en parallèle sur un chantier collectif : ça permet à chacun de trouver un autre cadre pour son activité, d’apprendre une autre technique, de se familiariser avec une autre situation... Ainsi, les découvertes restent présentes tout au long du séjour, et l’intérêt émoustillé ne se tarit pas...
A la fin de la 2ème session, il ne reste plus que la volige centrale à poser. Il faut bien en laisser pour les équipes suivantes !
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Bravo pour cette initiative d’écoconstruction ! Je trouve courageux d’entreprendre de tels travaux même avec la participation bénévoles. Personnellement pour l’éco-rénovation de ma maison, pour l’isolation des combles et le reste, j’ai fait appel à des professionnels. Chapeau bas en tous cas pour toute l’organisation et la planification que cela a demandé. Bonne continuation pour votre prochain chantier participatif.