La convention sociale du « donner, recevoir et donner à nouveau » stimule la générosité et la confiance puis la réciprocité. Ainsi, le contrat social engagé par le don permet une bonne cohésion sociale sur la durée. Si le don est l’unique forme d’échange, chaque individu est tenu de travailler. Une compétitivité s’installe entre les membres de la société pour maximiser la capacité de donner en fonction des capacités de chacun. Le système est écologiquement durable car les échanges avec la nature suivent la même convention. L’échange par le don n’a pas besoin d’être chiffré, la valeur de l’échange est déterminée par la convention sociale.
L’information et les connaissances techniques liées aux échanges sont importantes pour que la valeur estimée ne soit pas trop faussée. Les gens échangent librement en portant beaucoup d’attention aux besoins de leurs voisins avec la certitude d’avoir assez pour vivre une vie sympathique et dynamique.
D’après la littérature et les grands théoriciens, l’homo donatus n’est pas une utopie mais une réalité actuelle omniprésente de l’organisation sociale. C’est seulement une approche et un angle d’observation peu communs.
Finalité du projet « Homo donatus »
Mettre à l’épreuve la théorie de l’échange économique par le don en créant une structure qui permette d’expérimenter l’idée petit à petit et d’englober beaucoup de secteurs de l’économie actuelle. Créer un réseau et un lieu de vie sympathiques et dynamiques.
Une société basée sur le don
Pour garder le projet plus réaliste, la « société » de l’homo donatus devient un groupe de gens en réseau et/ou sur un lieu. Tout le monde peut se rendre utile en apportant sa contribution en fonction de ses capacités et de sa position. Certains s’engagent professionnellement et d’autres permettent de lier le projet avec l’extérieur.
Petit à petit, de multiples activités sont incluses et une structure est mise en place pour accueillir un grand potentiel de développement.
Vision personnelle, reliée à l’agriculture
L’économie du don est pour moi une source d’espoir pour la résolution de quelques questions existentielles personnelles.
Je suis agronome et je trouve l’agriculture et le milieu rural particulièrement favorables à la réalisation de ce projet :
– Vivre plus proche de la nature (La proximité avec la nature peut permettre de mettre en place un système d’échange durable avec la nature et d’avoir un environnement de vie agréable)
– Avoir beaucoup d’espace (L’espace peut permettre le développement d’un grand nombre d’activités de production et sociales)
– Les activités sont rapidement utiles, valorisantes et constructives. De plus, ces activités peuvent occuper et profiter à un grand nombre de personnes.
– L’expérimentation est favorisée par une certaine autonomie matérielle et alimentaire ainsi que par la souplesse des activités.
Concrètement, le projet peut prendre des formes plus ou moins ambitieuses :
Je m’installe comme exploitant agricole, j’essaye d’assurer une certaine autonomie alimentaire et matérielle et, petit a petit, je tente de donner mes produits à un réseau de personnes dans la région en espérant recevoir quelque chose en retour. Je propose également de l’accueil et d’autres prestations sociales et je pratique quelques artisanats.
Petit à petit, plusieurs activités dirigées par des professionnels se mettent en place sur le lieu avec une agriculture diversifiée, de la construction et de l’artisanat. Le lieu propose en parallèle diverses prestations sociales tel que : de la formation autodidacte (ateliers libres et ouverts, stages, conférences, bibliothèque…), de l’accueil (enfants, personnes âgées, stagiaires, handicapés…) et des loisirs (camping, jeux, sports, musique, fêtes, festivals, arts, équitation, randonnées…) La diversité des échanges et les interactions entre toutes les activités sont favorables pour expérimenter le don. Je reste également ouvert à d’autres idées.
Mise en œuvre
Pour commencer le projet, je suis confronté à beaucoup de questions. Je pense que ces questions peuvent trouver des réponses parallèlement à la recherche de personnes intéressées par ce projet. Si notre aimable lecteur trouve l’idée intéressante et veut contribuer à l’élaboration du projet, quelques questions plus ou moins générales n’attendent que votre réponse. En attendant une rencontre et pour faciliter les communications, ces questions sont disponibles sur un petit site Internet. Vous pouvez également m’adresser vos remarques par mail ou par courrier postal : voyez Jeremy Waber, projet Homo Donatus.
Questions
et début de recherches personnelles entre parenthèses :
Questions sociales
– Qui participe ? Comment former le groupe ?
(Tout le monde est bienvenu, il faut simplement réussir à s’entendre et s’accorder, la forme de la relation doit se discuter en fonction de la position de chacun, interne, externe ou les deux. Je pense que des rencontres sont nécessaires pour la formation du groupe. Un groupe ou un agriculteur peut également trouver l’idée intéressante et il suffirait de le ou les rejoindre)
Questions juridiques
Quelles sont les formes juridiques les plus appropriées pour ce projet ? Comment lier la production, la prestation sociale, la formation et le revenu individuel dans une même organisation ?
(Je n’ai pas trouvé de réponses idéales pour la forme juridique, j’ai besoin de l’aide de juristes, des compromis seront certainement nécessaires. Le squat, le « noir » et l’illégal ne me semblent pas très durables. Le résultat de mes recherches serait un mélange d’association, de centre de formation, de SCI, d’exploitant agricole, de coopérative d’emploi et de lieu de vie.)
Questions économiques
Comment intégrer les échanges monétaires entre les gens et avec l’extérieur ? Comment assurer un minimum de retour financier ? Où et comment est-il possible de trouver de l’argent pour l’investissement de départ pour le lieu ?
(L’argent peut aussi être donné et reçu, des compromis seront certainement nécessaires au début pour pouvoir commencer et assurer un roulement économique. Le lieu a besoin d’être transparent, proche des gens externes. Les personnes du groupe doivent être prêtes à vivre simplement au cas où le retour ne serait pas direct. Pour trouver l’argent de départ, le groupe peut permettre de maintenir l’apport financier par personne relativement bas. Les personnes externes peuvent soutenir et intégrer le projet en achetant des parts et profiter directement du lieu (accueil, produit, animations) L’organisation financière doit assurer une certaine sécurité individuelle et partager les responsabilités. De toute façon, il faut oser se lancer.)
J’en suis à peu près au même point de ma réflexion. Etant designer de formation, j’avais plus orienté ma réflexion de départ sur la notion d’autonomie, recherchée par une sorte de communauté de voisinage, en particulier autour d’un atelier commun, qui permettrait à la fois de développer cette autonomie pour chacun et collectivement tout en ayant un lieu pour la production de réalisation, artisanales, artistiques, en lien ou non avec l’autonomisation, qui pourraient être proposés à la vente pour assurer un lien avec l’extérieur (taxes, matériel éventuel à acheter à l’extérieur, ou urgences diverses). La vie en tant que telle de cette communauté de voisinage étant organisée autour du don, de l’hospitalité, du partage dans mon idée. Après avoir aménagé un petit camion, je compte partir dans les semaines qui viennent faire des formations diverses pour acquérir quelques connaissances de base en agriculture bio-dynamique, auto-construction d’une maison, d’une éolienne, phyto-épuration, peut-être céramique, verre etc... Tout ça pour dire que votre démarche m’intéresse beaucoup.