Un politique de l’alimentation
Mobiliser la future PAC pour peser sur les modes d’alimentation est essentiel pour mieux répondre aux attentes de la société en terme de qualité et d’accès à l’alimentation, de nutrition et de santé publique. Lutter contre les maladies de l’abondance alimentaire est une manière de répondre à un problème de santé publique, tout autant qu’à la surexploitation des ressources et aux problèmes environnementaux qui en découlent. Nous avons besoin d’une politique résolument alimentaire qui cible d’abord les besoins des consommateurs, en adéquation avec la capacité de notre environnement à y subvenir, avec des prix transparents et abordables, reflétant les coûts de production et les coûts environnementaux induits, tout en garantissant un revenu rémunérateur aux producteurs.
Une véritable politique alimentaire est nécessaire : elle doit soutenir davantage les produits issus de l’agriculture biologique, sous appellation d’origine, sous labels, qui fournissent des repères en matière d’identification de provenance et de mode de production des aliments. Ces agricultures contribuent à la vitalité et à l’emploi dans les territoires ruraux, et apportent des bénéfices sociaux et environnementaux qui profitent à la société tout entière. Ainsi, dans leurs achats alimentaires, les consommateurs européens doivent pouvoir choisir le type d’agriculture qu’ils considèrent bénéfique pour la société, qui ne conduit pas à des prix artificiellement bas du fait d’une main d’œuvre agricole sous-payée et d’atteintes à l’environnement et à la santé des producteurs dans les pays tiers ou sur notre territoire. Une alimentation de qualité, de proximité, de saison et accessible pour tous demeure par conséquent la principale légitimité de la PAC.
La PAC doit s’engager sur les questions alimentaires
La PAC doit ainsi élargir ses outils d’intervention en direction de l’information et de l’éducation alimentaire afin d’encourager l’évolution des modes de consommation : davantage de végétaux locaux diversifiés, moins de sucres, moins de graisses animales et végétales issues de modes d’exploitations intensifs et non durables. Elle doit aussi agir pour réduire le gaspillage alimentaire : chaque Européen génère 160 kg de déchets d’emballage par an dont les deux tiers sont d’origine alimentaire. La nourriture elle-même part à la poubelle : 26% en France, 50% aux Etats-Unis… Ne plus la jeter réduirait notre empreinte écologique de 8%. Une véritable politique alimentaire ne peut faire l’impasse sur le gaspillage des denrées, aussi bien pour des raisons éthiques, sociales qu’environnementales
La PAC doit en outre favoriser les systèmes alimentaires localisés et de saison ainsi que les circuits courts pour rétablir les relations de confiance entre les producteurs et les consommateurs et participer à la réduction des émissions de gaz à effet de serre. La PAC doit en particulier accompagner l’intégration de nourriture de qualité (dont l’agriculture biologique) et d’origine locale dans les restaurants collectifs (cantines, restaurants universitaires, administratifs...).
L’UE doit aussi considérer quels soutiens elle peut apporter aux plus démunis, au sein même de la PAC, ou dans le cadre d’une politique sociale à renforcer dans ce domaine. Le programme européen d’aide aux plus démunis (PEAD) permet de soutenir la distribution de produits alimentaires grâce aux associations caritatives. Le PEAD étant limité à certains aliments de base (produits à base de céréales, de sucre, de riz et surtout de lait pour les deux tiers), l’élargissement aux fruits et légumes et à des protéines de qualité nous semble nécessaire afin de diversifier les apports nutritionnels.
Comment harmoniser production agricole et alimentation
– amplifier l’information des consommateurs sur les modes de production respectueux de l’environnement qui fournissent des produits sains aux consommateurs, à l’instar de l’agriculture biologique ; informer et sensibiliser sur la réduction du gaspillage des denrées alimentaires aussi bien auprès du grand public que des professionnels, privés et publics ;
– développer amplement des programmes d’éducation nutritionnelle, notamment en faveur de la consommation de fruits, légumes, céréales et légumineuses ; y intégrer la sensibilisation à une alimentation moins riche en protéines animales, dans le respect des besoins nutritionnels ; encourager la consommation alimentaire de saison par des programmes d’information et de sensibilisation ;
– soutenir le développement et le maintien des circuits courts (notamment urbains et péri-urbains) qui contribuent à rétablir des relations entre les producteurs et les consommateurs autour des produits de qualité, de saison et de proximité ; soutenir en particulier les projets qui impliquent les collectivités territoriales et les agriculteurs dans l’offre de produits de qualité et locaux dans la restauration collective (restaurants scolaires, universitaires, administratifs...) ;
– en parallèle, orienter les soutiens vers les modes de production en adéquation avec la demande de santé publique, c’est-à-dire en favorisant les systèmes de production utilisant pas ou peu de pesticides, excluant les OGM et préservant la biodiversité domestique ;
– conforter le PEAD et diversifier les apports nutritionnels des produits alimentaires, notamment par l’introduction des fruits et légumes et des protéines de qualité dans l’aide communautaire.
– Contacter le Groupe PAC 2013
– Visiter le site du groupe PAC 2013
– Agricultiver dans Passerelle Eco
– Lire aussi les articles de Claude et Lydia Bourguignon
– Lire la lettre des CIVAM adressée au président de la FNSEA