Hier soir, la Présidente de la Conférence Circumpolaire des Inuits (ICC), Sheila Watt-Cloutier, s’est exprimée à Milan sur l’implication des Droits de l’Homme dans la question du changement climatique. Au nom des 155 000 Inuits qui vivent en Alaska, au Canada, en Scandinavie (Islande, Finlande, Norvège, Suède), au Groenland et en Russie, elle a estimé que les droit humains des Inuits sont menacés par le changement climatique provoqué par l’homme.
Pour défendre les droit humains des Inuits, nous explorons la meilleure voie légale, probablement via le système inter-américain, en invoquant la déclaration des Droits de l’Homme de 1948, a indiqué Mme Watt-Cloutier. La Commission Inter-Américaine des Droits de l’Homme est en effet une institution associée à l’Organisation des Etats Américains. Cette plainte serait portée contre les Etats-Unis, le plus important pollueur du monde. La Commission n’a pas le pouvoir d’obliger ce pays à réduire ses émissions, ni de faire compenser les dommages subis par les populations de l’Arctique ; mais elle pourra produire un jugement précisant les droits des Inuits, de même qu’une attribution de la violation de ces droits par les Etats-Unis.
Mme Watt-Cloutier a décrit l’impact qu’a déjà le changement climatique sur le mode de vie traditionnel de son peuple. Les chasseurs Inuits comprennent les rythmes et les cycles de la nature. Leur connaissance du milieu est précise et détaillée, et elle se passe de génération en génération. Mais beaucoup d’Inuits découvrent que le temps devient imprévisible, et les déplacements sur la banquise sont dangereux. Des chasseurs se sont engloutis à travers la glace dans des endroits qui traditionnellement étaient sûrs.
Hier ont été présentés des résultats préliminaires d’une étude d’évaluation d’impact sur l’arctique, un travail considérable de recherche qui sortira en septembre prochain sous l’égide de l’ICC. Les habitats naturels seront altérés au point que si le changement climatique n’est pas ralenti, les ours polaires, les morses et certains phoques vont disparaître. Où iront-nous chercher notre nourriture ?, demande Madame Watt-Cloutier. Que deviendront les Inuits ?
La représentante des populations arctiques enjoint les gouvernements à réduire leurs émissions, en particulier les Etats-Unis. On n’a plus le temps, nous avons besoin d’engagements drastiques de long terme visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre si nous voulons protéger l’Arctique et si nos droits en tant qu’Humains doivent être respectés.
Aujourd’hui 11 décembre, le Protocole de Kyoto a six ans. Nous aurions tous aimé qu’il soit déjà en vigueur, mais après tout, pour la prochaine COP, le Protocole aura sept ans, l’âge de raison ! Espérons-le, l’âge aussi de sa première COP/MOP !
Voir le site du Réseau Action Climat France
Septembre 2004 : L’administration de Bush essaye d’enterrer un rapport international qui contient des recommandations concernant l’impact du réchauffement global sur les peuples de l’Arctique, selon les déclarations d’un responsable arctique a une commission du sénat hier.
Les fonctionnaires du département d’état bloquent la publication d’un des deux rapports qui devaient être présentés aux ministres des gouvernement de huit nations arctiques lors d’une réunion le 9 novembre à Reykjavik, Islande, a déclaré Sheila Watt-Cloutier du Québec devant la Commission du commerce de sénat. Elle est présidente de la conférence circumpolaire Inuit, représentant les peuples indigènes.
Il y a quatre ans, les Etats-Unis et d’autres nations ont lancé l’évaluation arctique d’impact du climat. Plus de 300 scientifiques y ont participé. Les résultats sont contenus dans deux rapports - une analyse scientifique et un rapport décrivant des recommandations de politique qui devaient être présenté lors de la réunion de novembre.
Le rapport scientifique sera présenté, mais les Etats-Unis ont réussi à bloquer la parution du rapport de politique lors de la réunion et essayent d’enterrer ses recommandations dans un rapport "bureaucratique" qui sera envoyé aux gouvernements des pays impliqués à une date ultérieure, déclare Watt-Cloutier.
Sous sa forme provisoire, le rapport de politique note que l’Arctique est sensible au réchauffement global et qu’il y a une limite à l’adaptation des peuples indigènes au changement climatique, a dit Terry Fenge, un représentant canadien à la conférence.
Le document de politique encourage une réduction des émissions de gaz à effet de serre, selon lui. "c’est politique," dit Watt-Cloutier. Si les Etats-Unis suivaient les recommandations, ils devraient signer le protocole de Kyoto. C’est de la pensée à court terme sous la pression de l’industrie " a t’elle dit.
Les autres nations participant à l’évaluation de climat - Canada, Russie, Islande, Norvège, Finlande, Danemark et Suède veulent que les recommandations de politique soient rendues publiques, mais subissent les pressions des Etats-Unis, dit Watt-Cloutier. Sally Brandel, le représentant arctique des ETATS-UNIS, n’a pas répondu à une demande de commentaire...
Traduction partielle : François VEILLERETTE
Ajout de la 2eme partie de ce texte : Bush bloque le rapport d’étude a propos de l’impact du réchauffement climatique sur les peuples de l’arctique.