Trois écoliers jouaient aux billes et riaient ...
Leur Maître les voyant en fut fort satisfait et songeant sur le champ au reste de la classe résolut de donner à chacun des enfants trois billes pour jouer ensemble évidemment.
A la récréation, à genoux, face à face dos courbés, les enfants s’en donnaient à coeur joie.
Soudain l’un se leva, puis deux, puis bientôt trois car pour pouvoir jouer, il faut avoir gardé une bille à miser. Trois ce n’est pas assez.
Le Maître décida de leur en donner dix.
Le jeu recommencé, personne n’arrêtait et chacun s’activait. Le Maître alors se dit : « plus d’enfant de côté ; un tel jeu est parfait ! »
Il ne remarquait rien car, à ceux qui perdaient les gagnants reprêtaient les billes qui manquaient et les enfants comptaient ce que chacun devait. Quelque précis que soient le geste et ses effets, les gains s’évanouissaient pour rembourser les prêts sauf pour quelques chanceux qui tout accumulaient.
L’un se leva, puis deux, puis trois.
« Cessons ce jeu sans queue ni tête. Quand est-ce que l’on comprendra qu’on veut des billes, et non des dettes ! »
Jean Quipaine-Halarim