L’industrie du recyclage est frappée de plein fouet par la crise économique actuelle. Avec l’accroissement de la précarité, c’est par contre le marché de l’occasion, et plus encore : la récupération, qui a le vent en poupe.
D’ailleurs, des diverses formes de recyclage et réutilisation, la simple récupération est surement la plus intéressante économiquement, socialement et écologiquement. De nombreuses personnes y font appel, ainsi que des collectifs, qui trouvent la un moyen simple et gratuit d’animer une cuisine collective conviviale et solidaire.
Malheureusement, la "récup" n’est pas souvent encouragée par les pouvoirs publics.
Témoignage d’un "voleur de poubelles"
Comme à notre habitude, nous récupérions de la nourriture dans les containers à poubelles du supermarché inter de Quissac (2 cagettes de fruits et légumes divers, des produits laitiers, périmés du jour, yaourts, crèmes fraiches, fromages secs … ) en tout, six cagettes de produits tout a fait consommable, malgré la date limite de consommation,
Quel ne fut pas notre surprise lorsqu’ en sortant du local, nous nous retrouvons encerclés par quatre gendarmes, dont un tout excité, qui nous braque avec son arme, en nous ordonnant de nous coucher a terre .Calmement, nous posons nos cagettes de récup, et tentons de les raisonner, en leurs montrant bien que nous ne faisons rien de mal, si ce n’est sauver de la nourriture, avant qu’elle finisse dans des incinérateur , ou des broyeur.
Le gendarme au pistolet menotte quand même l’un de nous. On leurs explique notre position et la raison de notre action (contre le gaspillage, convaincus que notre démarche, est bien moins condamnable que celle des patrons de supermarchés, qui interdisent, la récupération des denrées périmées, voir qui mettent de la javelle dans les containers). L’un des gendarme, nous dit qu’il en a « « rien a foutre des problèmes de la société que tout ce qui l’intéresse c’est son cheque a la fin du moi, et que de toute façon, il n’ est pas français et qu’a l’heure actuel, il préfèrerais être chez lui a regarder la télé. »
Ils nous fouillent, nous lisent nos droits, appellent une autre équipe, car ils n’ont pas assez de place dans leurs véhicules pour nous embarquer.
Ils font une perquisition, du camion, avec le quel on est venu. Un troisième véhicule arrive, vitesse excessive et gyrophare en marche Nous sommes maintenant entourés par 7 gendarmes, des brigades de Sauve et Quissac. Ils ne peuvent pas nous emmener tous à la même brigade, car pas assez de cellules pour 3 gardes a vus.
Je suis invité à mettre les mains sur le capot d’un des véhicules, nouvelle fouille, puis mains dans le dos et menottes. Je m’installe donc dans la voiture qui vient d’arriver de Sauve, sans ceinture, car menotté.
On arrive à la brigade en ayant une fois de plus dépasser allègrement les limitations de vitesse. Une fois dans la brigade, on m’installe sur une chaise et on m’enlève les menottes (pas mécontent, car c’est pas des plus confortable)
Le gendarme P***** Ludovic s’occupe de moi et va prendre ma déposition.
D’après lui demain matin le procureur devrais vite nous faire sortir. Ma déposition est simple, mon seul tort et d’avoir enjambé le portail du local à poubelle, afin d’ouvrir à mes camarade. Ensuite je ne considère pas être un voleur, étant donné que ce que nous prenons était de toute façon condamné à finir détruit.
Fin de la déposition, je passe la nuit dans la cellule (pas d’eau, pas de manger) Réveil mardi matin. On ne va pas retrouver la liberté tout de suite les gendarme veulent faire une perquisition, sur le terrain, qui nous est prêté où nous vivons en camions. Le maire de Sauve, ainsi que le gérant du supermarché sont convié à la visite de notre campement. Ils cherchent des objets volés .Au final ils saisissent une tronçonneuse volée il y plus de dix ans, et achetée au puces. Suite à ça le maire nous demande de partir dans les 24 heures !
En début d’après midi, on nous invite à manger. Non merci. Suite de la déposition, rien à nous reprocher de plus, mais vu qu’on est quand même des voleurs, ils veulent nous prélever notre Adn, nos empreintes, et faire une petite photo souvenir. En tant que personnes soupçonnées de crime ou de délit (soustraction frauduleuse de denrées alimentaires, par escalade, en réunion)
Je refuse absolument de me soumettre a ce prélèvement, considérant que je ne suis pas un criminel, et que je ne veux pas être fiché en tant que tel, et risquer de me voir accusé de je ne sais quel autre délit, sous prétexte que j’ai perdu un cheveu, sur le lieu de ce délit une semaine avant.
Sachant qu’une telle procédure coûte 400 euros par prélèvement, et qu’avec une telle logique on va finir par pucer tous les gamins un peux trop turbulents, sous prétexte qu’il risquent de nuire à la société, et qu’il faut les surveiller.
Le gendarme P****, me dis que je suis un anarchiste, et que si les lois françaises ne me plaisent pas, j’ai qu’a partir, ou alors me présenter à la présidence (il m’a pris pour Coluche). Il me dit aussi qu’il regrette son ancienne brigade, ou dans ce genre d’affaire, ils intervenaient à quinze, et frappaient avant de discuter. Il me dit aussi qu’il commence à en avoir marre de moi, et qu’il autre chose à faire, de toute façon il va m’envoyer en maison d’arrêt, vu que je fais la forte tête.
En attendant, retour dans la cellule, jusqu’à la fin de l’après midi, où on vient me chercher. On me demande de plier mes draps. Maison d’arrêt ou liberté ?
Le gendarme P**** fini ma déposition. Il me donne aussi une convocation pour le tribunal correctionnel pour le 29 octobre, pour refus de se soumettre aux opérations de prélèvement biologique(ADN) et au relevé signalétique (photos, empreintes).Il me dis qu’après cette convocation, fini la liberté, il s’occupera personnellement de moi !
En attendant, il me relâche.
Lendemain matin, on passe voir le directeur du supermarché, pour se présenter, et essayer de trouver un moyen ensemble de ne pas gaspiller toute cette nourriture. D’accord avec nous, sur le principe, il va en parler à son supérieur, mais il pense sérieusement que l’on ne va pas pouvoir changer le system comme ça. On verra bien !
Deux jours plus tard, rendez vous avec le maire de Sauve, pour lui donner notre version de cette histoire, et tenter de négocier un peu de répit avant de déménager le terrain.
On voit tout de suite qu’il est vraiment gêné par cette affaire. Il nous
apprend que lorsque les gendarmes l’on appelé pour venir faire la
perquisition sur le terrain, il lui on dit que nous avions étés interpellé
en train de voler dans le supermarché en pleine nuit, en oubliant de
préciser que c’étaient après les poubelles que nous en avions !
Il semble scandalisé par cette histoire, finir en garde a vue, menotté, braqué, fiché, pour avoir récupéré de la nourriture dans les poubelles. Malgré cela, il ne peut pas nous autoriser à rester sur ça commune, car il y a un arrêté communal interdisant le campement en camion.
On partira, mais, il faut nous laisser le temps de trouver un autre terrain.
Lendemain matin, deux d’entre nous quittent le terrain, en chemin, il croise les gendarmes de sauve et l’agent de police rural, qui viennent nous voir. Ils veulent savoir si on était entrain de partir. On leur répond qu’on ne va pas partir comme ça qu’on a des choses à faire avant, et que nous ne bougerons pas sans un avis d’expulsion.
Visiblement, il le prennent mal, ils vont s’occuper de nous personnellement et on ne va pas s’en sortir comme ça.
Pour le moment, pas de nouvelles, on va retourner voir le directeur du supermarché dans la semaine, et continuer a informer les gens des commune alentours, lors de nos passages sur les marchés. On compte organiser un rassemblement la semaine prochaine, certainement un gros pic nique ou quelque chose du style devant la gendarmerie de sauve.
Mobilisons-nous contre la criminalisation de la pauvreté. Rejoignez le comité de soutien des « voleurs de poubelles ! »
Contact : Voleurs de Poubelles
Suite...
Hier on est retourné voir le gérant du super market intermachin. On a réussi a s’arranger pour sauver les poubelles.
Ce matin 6 heure, on est allé faire la récup, avant que le camion ne vienne les embarquer, les poubelles étaient a l’extérieur du local, donc pas d’effraction.
Grosse récup, comme d’hab. Donc, y a moyen de négocier avec les gerants, il faut s’organiser, organisons nous, discutons, on peux le changer ce système !
Ensuite, comme une bonne nouvelle ne vient jamais seul, hier, encore, on est passé voir les gendarme, pour discuter, et savoir ou ils en étaient par rapport a notre présence sur le terrain.
Le chef de brigade, nous a rassuré. Il n’y a pas d’avis d’expulsion, il ne peuvent rien contre nous, on est sur un terrain privé, ça dépend juste du maire, qui n’a rien contre nous. On est du coup beaucoup moins stressés. Il était même pas au courant que trois de ces agent etaient passé sur le terrain, voir si on allait partir ( éxcés de zèle )
Voila, sinon, on va quand même continuer a informer les gens, pour que la récup devienne une évidence pour tous et qu’on arrête un peu de gaspiller.
On continue aussi de se battre par rapport au fichage abusif (prise d’adn ), on va entrer en contact avec des avocats prochainement.
On sera tous lundi au tribunal de nêmes, pour soutenir natanael, qui passe en jugement, a 14h30, pour les mêmes raison (recup poubelles ), il est accusé par les vigiles qui l’ont interpellé, gazé, tabassé, d’avoir tenté de les écraser avec son camion .... venez nombreux.
Voila. Encore merci pour votre soutien, je vous tiens au courant de la suite des évènements.
Tcho...
Actu 2015 : loi contre le gaspillage alimentaire
La nouvelle loi n° 2016-138 du 11 février 2016 contre le gaspillage alimentaire vise à empêcher les grandes surfaces de jeter de la nourriture et de rendre leurs invendus impropres à la consommation, notamment en les inondant d’eau de javel :
– inscription dans le code de l’environnement d’une hiérarchie de la lutte contre le gaspillage alimentaire, allant de la prévention à la méthanisation ;
– obligation de recourir à une convention pour les dons réalisés entre un distributeur de denrées alimentaires et une association caritative ;
– obligation pour les surfaces de plus de 400 m² de proposer, dans un délai d’un an à compter de la promulgation de la loi, une convention de don à une ou plusieurs associations pour la reprise de leurs invendus alimentaires encore consommables ;
– interdiction de la javellisation des invendus ;
– information et éducation à la lutte contre le gaspillage alimentaire dans les écoles ;
– intégration de la lutte contre le gaspillage alimentaire dans le reporting social et environnemental des entreprises.C’est peu après cette nouvelle loi que la Cour de cassation considère pour la première fois que les produits périmés mis à la poubelle d’un magasin dans l’attente de leur destruction sont des choses abandonnées, qui ne peuvent donc être susceptibles de vol. (cf arrêt de la chambre criminelle du 15 décembre 2015 (n°14-84906))
La législation avance donc dans le bon sens !
2017 : relaxe d’un "voleur de poubelle"
Jugé le 8 décembre 2017, un "fouilleur des poubelles" a été relaxé (cf Prendre dans une poubelle n’est pas un vol, juge le tribunal de Rouen).
La décision est conforme à l’arrêt de la Cour de Cassation et aux réquisitions du Ministère public pour lequel voler dans des poubelles n’est pas un vol.
Il reste cependant encore beaucoup d’efforts afin que les produits alimentaires invendus ou périmés ne puissent pas être purement et simplement pilonnés et mis à la poubelle, mais redistribués aux plus nécessiteux.
Jugé le 8 décembre 2017, un "fouilleur des poubelles" a été fort justement relaxé (cf Prendre dans une poubelle n’est pas un vol, juge le tribunal de Rouen). Quant au refus du prélèvement ADN, le prévenu a été dispensé de peine.
La décision est conforme aux réquisitions du Ministère public pour lequel voler dans des poubelles ne constitue pas un vol.
Cette décision est conforme à l’arrêt de la chambre criminelle du 15 décembre 2015 (n°14-84906) par lequel la Cour de cassation considère pour la première fois que les produits périmés mis à la poubelle d’un magasin dans l’attente de leur destruction sont des choses abandonnées, qui ne peuvent donc être susceptibles de vol.
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Il reste cependant encore beaucoup d’efforts afin que les produits alimentaires invendus ou périmés ne puissent pas être purement et simplement pilonnés et mis à la poubelle, mais redistribués aux plus nécessiteux.
La loi n° 2016-138 du 11 février 2016 contre le gaspillage alimentaire votée à l’initiative d’élus, dont le conseiller municipal de Courbevoie Arash Derambarsh, contient plusieurs dispositions destinées à empêcher les grandes surfaces de jeter de la nourriture et de rendre leurs invendus impropres à la consommation, notamment en les inondant d’eau de javel :
– inscription dans le code de l’environnement d’une hiérarchie de la lutte contre le gaspillage alimentaire, allant de la prévention à la méthanisation ;
– obligation de recourir à une convention pour les dons réalisés entre un distributeur de denrées alimentaires et une association caritative ;
– obligation pour les surfaces de plus de 400 m² de proposer, dans un délai d’un an à compter de la promulgation de la loi, une convention de don à une ou plusieurs associations pour la reprise de leurs invendus alimentaires encore consommables ;
– interdiction de la javellisation des invendus ;
– information et éducation à la lutte contre le gaspillage alimentaire dans les écoles ;
– intégration de la lutte contre le gaspillage alimentaire dans le reporting social et environnemental des entreprises.
(d’après http://www.thierryvallatavocat.com/2017/09/gaspillage-alimentaire-pas-de-vol-pour-le-glanage-des-produits-mis-a-la-poubelle-d-un-supermarche.html)