Libérer notre temps, sortir de l’enfermement ...
Pour paraître un peu moins abstrait, nous sommes quelques uns à sentir qu’une connaissance plus fine du monde qui nous fait face devrait être l’occasion d’en deviner plus nettement les marges dans lesquelles il est encore possible de respirer « un peu d’air frais », là où les enfermements autant d’ordre administratif qu’économique ont tôt fait au mieux de nous fatiguer au pire de nous fondre parfaitement dans les habits de l’entrepreneur.
Loin de nous l’idée de faire de ces marges des espaces « exemplaires » sur le mode « moralisé » qu’appelle par exemple la mouvance « décroissante », mais il s’agirait plus prosaïquement et pour le coup politiquement, de mesurer de quel temps pouvons nous encore être les maîtres quand une société soumise au règne de l’économie et de l’état n’a de cesse de vouloir nous occuper à tout prix. En cela, ce rapport au temps ne peut que rejoindre le souci d’un mouvement de chômeurs naissant qui tient pour souci central l’emploi de notre temps contre ces emplois qu’on voudrait nous voir occuper à temps plein.
... pour s’organiser collectivement
Une fois tenu pour commun ce souci de « libérer le temps », il s’agirait de réfléchir à son usage pour commencer à s’organiser. S’organiser, non pas seulement entre celles et ceux qui ont déjà fait le deuil de jours meilleurs en régime capitaliste, mais aussi avec celles et ceux qui sont simplement amenés à mesurer chaque jour un peu plus l’inadéquation de leurs désirs avec le monde tel qu’il va. Sans doute trop naïvement notre imaginaire reste habité par les mouvements historiques de « coopération » qui ont notamment traversé le monde agricole. Ce serait l’occasion moins naïvement de revenir sur ces expériences passées et d’en rencontrer d’autres encore vivantes et qui nous semblent, vues de loin, présenter quelques attraits.
Contrer le contrôle du vivant
A l’heure de la gestion des affaires courantes sur le mode « catastrophiste », il nous paraît également essentiel de revenir sur ce que nous prenons l’habitude de nommer contrôle du vivant.
Si les fondements même du capitalisme industriel ont toujours été la prise de possession du vivant afin d’en exploiter, de manière optimale, les potentiels de plus-values, il apparaît de plus en plus clairement pour les gestionnaires de la « catastrophe » qu’une amplification de ce processus s’impose. Les deux années passées nous ont ainsi montré que la gestion sanitaire n’avait plus besoin de cacher ces apparats militarisés, autant pour ce qui concerne la vaccination des humains (contre le virus de la grippe porcine et aviaire) que pour la vaccination des cheptels herbivores (contre le virus de la FCO).
Dans le même temps se met en place le puçage électronique des troupeaux afin d’achever l’intégration de la totalité du monde de l’élevage aux processus de production industrielle. Nous avons le sentiment qu’une manière pertinente de prendre la mesure de ce processus et d’en tirer les conséquences serait de partir de ce qu’il reste des humains et des bêtes, ainsi que de leur relation, dans ce monde industrialisé. Aussi étroite que soit cette lorgnette, nous avons l’intuition que le monde de l’élevage est un reflet éclairant, car encore sensible, de ce qui advient des aspirations à l’autonomie quand le contrôle du vivant se veut total.
Des résistances en crise, à coordonner politiquement
Si l’économie est en crise, les mouvements de luttes et de résistances le sont au moins tout autant. Qui nierait encore l’impuissance des syndicats, des partis, des formes associatives, et même des différents collectifs à repousser les réformes successives de l’Etat ? Sans même évoquer l’économie globale et le contrôle du vivant… Le bulldozer avance tranquillement et réagence sans sourciller nos conditions d’existence déjà bien étriquées.
Pourtant, ces derniers temps ont été l’occasion de luttes s’étant dotées de moyens conséquents et ayant assumé une détermination qu’on n’avait plus l’habitude de voir. Nous pensons ici aux salariés d’industries en crise (comme Continental), aux grévistes du lait, aux chômeurs en grève, aux jeunes des cités qui s’organisent contre la répression…
Mais si le désir de rompre de façon plus définitive traverse parfois les esprits, il s’estompe rapidement au nom d’un certain « réalisme ». Mais où nous mène ce soit disant réalisme, lorsque l’homme accepte de rogner toujours un peu plus sa part pour se soumettre aux exigences économiques ?
On pourrait s’en tenir à ce qui est en cours, déjà bien installé, un silence glaçant, presque entendu, domine notre quotidien.
Loin du capitalisme vert, de la décroissance moralisée et de la bio-attitude, les rencontres à la Ferme de Quimerc’h auraient pour ambition de faire se rencontrer nos initiatives, nos désirs, et de leur donner plus d’ampleur, notamment en envisageant comment elles pourraient se coordonner pour constituer des forces politiques.
Rencontres à la Ferme de Quimerc’h, programme provisoire
Dimanche 29 août : préparation du lieu (toilettes sèches, douches, barnum)
Lundi 30 août : moments laissés à l’informel avec le souci de dessiner les ambitions de la semaine.
Soirée 20 h30, projection d’un film à définir, pour entamer les discussions sur l’ambition politique de sortir de l’économie.
Mardi 31 août : fournée de pain et cueillette de fruits pour la ferme, chantiers [1] et discussions sauvage.
Soirée : Projection de film [2]
Mercredi 1er septembre :
Matin 10 h : discussion autour des manières de faire face aux enfermements administratifs et économiques dans nos activités. L’enjeu serait autant une approche critique de ce qui se voudrait « alternatif » que de mutualiser des pratiques qui nous libèrent partiellement des injonctions de la société.
A.M : Chantiers et autres plaisirs.
Soirée 19 h : repas puis discussion autour des histoires de « coopératives ». Avec des paysans ayant vécu les expériences coopératives des années 60-70, des membres d’une coopérative maraîchère suisse et autres… La notion de coopération est-elle encore porteuse d’un projet politique ?
Jeudi 2 septembre :
Matin 10 h : envisager concrètement là où nous pourrions nous organiser en fonction notamment des distances géographiques qui nous séparent. Autant à propos de productions alimentaires (cidre, bière, vin, légumes de conservation, etc.) que d’ateliers artisanaux (terre, imprimerie, etc.), ou encore d’un journal… Les désirs et imaginaires sont sollicités tout azimuts.
A.M : chantiers et autres plaisirs
17 h : Spect’arbre, éloge de l’arbre ordinaire et extraordinaire.
Soirée 19 h : repas et discussion autour du contrôle du vivant et plus précisément à partir des relations qui se fabriquent entre l’homme et l’animal en régime industriel. Prolongement autour de la notion d’autonomie du vivant.
Vendredi 3 septembre :
Matin : action ponctuant la semaine…
A.M. : fournée de pain et cueillette de fruits pour la ferme.
Soirée 20 h30 : projection de film.
Samedi 4 septembre : les chantiers seront toujours d’actualité, discussion sur les suites à donner à la semaine.
Soirée 20 h 30 : concert maison.
Dimanche 5 septembre : on ne va pas non plus décider à l’avance de comment on arrive à se quitter : fâché, déterminé, pensif, dubitatif, enragé, fatigué, remonté…
Contacter s :
Semaine initiée par quelques groupes informels de divers horizons.
Venir aux rencontres de Quimerc’h, modalités pratiques
Que vous veniez de l’Est ou de l’Ouest, prendre la 4 voies Quimper-Lorient, jusqu’à Bannalec. Prendre direction Quimperlé et sortir du bourg. A deux km de là, le long de la portion 2x2 voies, prendre à gauche une entrée de champs (verger) indiquée ferme de Quimerc’h.
Repas et boissons prix libre. Vous pouvez amener de quoi participer.
Espace lecture, balançoire, pataugeoire, autres jeux pour les enfants, pour organiser des animations, avis aux amateurs.
Possibilité de dormir sur place (camping).
Contacter la Ferme de Quimerc’h.