Les habitants des yourtes de Bussière-Boffy ont démonté leurs tentes l’an dernier, suite aux 7 années de procédures et de harcèlement du maire de ce village. Grâce à notre légitimité, notre persévérance, notre bonne foi et votre soutien, tous les procès que nous avons menés ont été en notre faveur...sauf le dernier qui nous condamnait à la démolition de nos habitats (et de nos projets de vie). Nous et nos enfants avons fait nos bagages, emportant avec nous notre lumière et nos espérances, lassés de lutter perpétuellement contre un homme sans scrupules qui de plus fut soutenu tout le long par les services de l’État.
Mais le 24 février 2015, la cour de Cassation, ultime recours juridique, a décrété que ce jugement n’était pas conforme à la loi et a ordonné de soumettre à nouveau l’affaire à la Cour d’appel de Bordeaux.
Ce jugement représente notre dernière chance de pouvoir revenir un jour sur nos terrains, maintenant à l’abandon, et continuer d’y faire germer les graines d’un avenir plus sain et plus humain sur cette terre qui nous porte et nous nourrit. Ce dernier procès représente aussi un espoir.
Celui de portes qui s’ouvrent pour l’habitat léger et pour les très nombreuses personnes et familles qui vivent en yourtes en France ou qui voudraient adopter ce mode d’habitat.
Merci de faire circuler cette information pour que la salle du tribunal soit comble !
Nous nous rappellerons longtemps du procureur qui nous infantilisait sur un ton accusateur en correctionnel...
De l’ignorance et du mépris de l’avocat de la commune disant au juge « Vous vous rendez compte, on ne sait même pas d’où vient l’eau de leurs toilettes sèches !
La lutte de Bussière-Boffy est reliée à la situation des gens du voyage, et à toutes autres luttes sur la planète où des peuples sont mis à terre par une mondialisation qui accapare les ressources naturelles, spolie le droit de l’accès à la terre. Partout au nom du soi-disant intérêt public (énergie, tourisme, etc...), le capital continue de s’engraisser en détruisant la vie.
Le néo-libéralisme global engendre une pauvreté physique, intellectuelle et morale qui autorise tout au nom des lois, même la barbarie
La violence psychologique infligée aux familles vivant en yourtes à Bussière-Boffy pendant plus de sept ans, ne vise pas qu’à enrayer l’histoire d’un espace de liberté... Elle ne vise pas qu’à faire partir des familles et détruire l’équilibre qu’elles se sont construite sur leurs propres terrains...
Elle ne vise pas seulement la restructuration en profondeur d’un micro territoire de vie en zone naturelle pour les parcours-nature d’un développement touristique absurde...
Cette violence ne cherche pas seulement à détruire un tissu social alternatif, à diviser et séparer des familles dont les enfants, voisins et amis, sont aujourd’hui éloignés.
Comme tous les « apartheids », toutes les discriminations, cette violence vise l’anéantissement de l’esprit humain, dans une dimension vouée à paralyser les corps, à les briser... Une violence qui voudrait s’attaquer au système nerveux en asséchant les capacités de ses victimes à créer ou faire perdurer leur propre monde de symboles.
Les propos et les ambitions de ceux qui se sont acharnés à faire partir nos familles ont démontré les piètres prétentions de leur culture dominatrice.
En défendant ces espaces dans lesquels on élabore collectivement des formes de vie libres, ce n’est pas sa petite parcelle de monde émancipé que l’on défend, mais la possibilité d’une vie libre pour toutes et tous.
Les détenteurs du pouvoir économique et politique craignent par dessus tout que le temps de travail non salarié devienne le temps dominant du point de vue social et culturel ; que les gens puissent s’emparer de ce temps pour faire ce qu’ils jugent bon et utile.Avec le recul du poids du travail salarié dans la vie de tous, le capital risquerait de perdre le pouvoir sur les orientations de la société.
Il fait donc tout pour que les gens, et principalement les plus jeunes, demeurent culturellement incapables d’imaginer qu’ils pourraient s’approprier l’espace et le temps libéré du travail pour déployer des auto-activités qui n’ont pas besoin du capital et ne le valorisent pas.
Nous avons affaire en France plus encore que dans les pays voisins, à une campagne idéologique pour verrouiller l’imagination sociale, pour accréditer l’idée que le travail salarié est la seule base possible de la société et de la cohésion sociale, que sans emploi on ne peut disposer d’aucun moyen de vivre dignement et activement.
Nous résistons à l’oppression et aux intimidations de l’État, parce que nous savons que nous nous trouvons aujourd’hui dans un monde qui se gargarise de notions écologiques et de droits de l’Homme, mais qui laisse perpétuer quotidiennement des crimes sociaux et environnementaux qui génèrent l’écocide planétaire au nom du confort.
Il est temps pour l’humanité de libérer le vivant et tout ce qui soutient la vie ! Le fascisme, c’est la brutalisation des esprits, la destruction de la vie des autres au nom de valeurs idéologiques.
Tout le monde connaît la vérité, mais elle est enfouie sous les liants et les épices d’une sauce faite de confort, de conformisme et de peur de vivre. Le cynisme voudrait tuer l’espoir, briser les rêves et tarir la sève de l’espérance... Mais le temps du rêve avait besoin d’être nourri, alors nous sommes partis il y a déjà longtemps, sur nos propres peintures !
Notre créativité et nos originalités sont l’expression de notre amour, qui se traduit dans les modes de vie que nous développons, dans nos façons d’appréhender les autres et d’habiter la Terre.
Nous marchons en paix, car dénués de haine, nos indignations sont issues de notre amour pour la vie.
Être humain, c’est préserver cette capacité incroyable à s’extirper des situations les plus inadmissibles, en l’esprit d’abord, puis physiquement. Collectivement si possible, individuellement à défaut ! Privés de cette capacité, nous devenons sujets bientôt victimes.
On va toujours trop loin pour ceux qui ne vont nulle part, alors allons-y !
Bonjour, Je découvre ce texte, que je trouve admirable, depuis peu. Depuis que je tente de créer un lieu de vie et que je cherche des informations pour établir au mieux une association loi 1901 à bureau collégial. Je voulais souligner à nouveau la pertinence et la justesse de ce texte.
Ici nous nous approchons du dépôt des statuts à la préfecture. Nous verrons comment cette première étape sera franchie. Gardons l’optimisme !
Christian