Mais comment alors interpréter les attaques portées contre la décroissance - même si c’est plutôt contre ses caricatures - par les partisans pourtant résolument anticapitalistes d’une gauche toujours marxisante et parfois repeinte en vert ?
Article dans Le Monde diplomatique de février : "les mirages de la décroissance". Articles de Michael Löwy présentant naïvement l’écosocialisme comme troisième voie permettant de renvoyer dos à dos croissance et décroissance (articles en anglais dans la revue Climate&Capitalism).
Par rapport à une telle désorientation idéologique par ceux censés ou se prétendant à la pointe de la critique anticapitaliste, la bonne attitude n’est-elle pas d’affirmer la décroissance dans ce qu’elle peut avoir de plus désirable ? Elargir la critique de la croissance capitaliste à la critique de la croissance économique en tant que telle : c’est la voie excellemment suivie par Timothée Parrique et Giorgos Kallis dans un article de Terrestres. Surtout quand elle aboutit à définir la décroissance comme un "socialisme sans croissance". Revenir au sens originel du "socialisme" comme critique radicale de l’individualisme. L’individualisme combattu par la décroissance n’est pas tant une attitude psychologique qu’une conception erronée de la vie sociale quand elle est caricaturée en simple addition de vies individuelles.
Contre le non-sens de la croissance et la désorientation des critiques "classiques" du capitalisme, c’est à la décroissance de porter l’exigence politique d’une vie sensée, humainement sensée, socialement sensée ; écologiquement sensée, démocratiquement sensée.
A bientôt, bonnes lectures (ici-bas) : qui portent cette fois sur la chasse, le nucléaire, la critique du développement et de l’extractivisme.
Opinions décroissantes
La chasse doit faire débat, par Jean-Yves Renouf
Maltraitance animale ; non assistance à personne en danger ; violation de la propriété privée ; chasse en dehors des horaires réglementaires ; menaces de mort ; intimidation ; coups et blessures ; violation du droit de voisinage domestique ; tirs sur espèces protégées ; blessures mortelles par balle d’animaux domestiques...
Critique de Jean-Marc Jancovici, par Jean-Luc Pasquinet
Depuis quelques années s’impose de plus en plus, au sein du mouvement écologiste, un changement qui ne peut qu’inquiéter quiconque est soucieux de la santé de la biosphère : il s’agit de l’abandon de l’opposition au nucléaire lequel pourrait être considéré comme un moyen pour sauver le climat.
Lectures
Pluriverse : a post-development dictionary, présentation générale et traduction française de la préface par Thierry Uso
Depuis l’émergence du concept à la sortie de la seconde guerre mondiale jusqu’à nos jours, le développement a subi plusieurs mutations, tout en conservant ses fondements les plus néfastes pour l’humanité et l’environnement. Le développement reste porté par l’idée qu’il n’y a qu’une seule forme d’évolution sociale. La « pensée du développement » nie la diversité des sociétés et des territoires et au contraire les soumet à la dictature de la comparaison quantitative.
La guerre des métaux rares, de Guillaume Pitron
Durant les 20 ans à venir, la consommation mondiale de terres rares devrait être multipliée par 3, celle de cobalt par 12 et celle de lithium par 16. Au rythme actuel, le capitalisme mondialisé va consommer en une génération la quantité de minerais consommés lors des 2 500 générations précédentes ! Comme le formule un membre d’une ONG latino-américaine : « La mine durable n’existe pas ».