Fonctionnement de la brocante gratuite
Premier principe de la brocante gratuite : on amène au marché pour donner tout ce qui ne nous sert plus.
Amenez donc sur le stand réservé à cet effet toutes les affaires dont vous n’avez plus l’usage : vêtements, livres, vaisselle, bibelots, habits, outillages et objets de toutes sortes.
Nous les installerons par genre sur le stand.
Deuxième principe : on peut prendre tout ce que l’on veut (dans la limite du raisonnable) absolument gratuitement même si on n’a rien amené.
Les objets amenés seront gratuitement mis à la disposition de toutes personnes souhaitant en faire l’acquisition.
Si un objet, vêtements ou autre vous intéresse, vous le prenez tout simplement.
Tout est gratuit ! Aucune circulation d’argent ! Les objets passent de main en main vers celui et celle qui enaura l’usage.
Troisième principe : En général, à la fin du marché (12h30), il en reste toujours. Tout ce qui n’aura pas trouvé preneur sera distribué aux associations locales qui se chargent de récupération (Emmaüs, Secours Populaire, croix rouge, friperie etc... Si vous en connaissez, contactez les.)
Valeur d’usage contre valeur monétaire
Début avril, ce sera la semaine du développement durable, expression honnie par les décroissants, malgré cela, ce peut être l’occasion de réaliser des actions qui vont dans le sens d’un moindre gaspillage, d’une prise de conscience.
C’est un bel exemple de pratique de don et de gratuité.
Mise à part la symbolique autour de l’acte de donner, n’est-ce pas un moyen efficace pour aider au recyclage d’un objet ?
Le prix d’achat n’étant plus un obstacle à son acquisition, il a plus de chance de trouver un nouvel acquéreur. Faire circuler les objets (sortis du circuit commercial) uniquement en fonction d’un usage potentiel mais sans les accompagner d’une valeur d’échange monétaire peut constituer une vraie révolution de nos relations sociales et économiques.
La gratuité perturbe, elle fait peur, de nombreuses questions entoure cette pratique inhabituelle, bien plus déstabilisante que ne peut l’être l’adoption d’une monnaie locale dans le précédent numéro). Sur un plan de pure économie, la gratuité supprime la notion de profit, elle réduit l’économie à sa plus simple expression : la gestion et la circulation de biens et de ressources d’une communauté humaine.
Donner plutôt que détruire
Notre société occidentale a tellement produits d’objets, bien au delà de ses besoins, que ses poubelles et décharges en regorgent. La publicité et la technologie s’affairent à nous trouver toujours de nouvelles envies qui se transforment en véritables besoins sociaux, c’est ainsi que s’accumulent des tonnes d’ordinateurs encore en état de marche, des tonnes de carcasses de voitures que l’on encourage à ne pas réparer, des meubles en tout genre destinés à être brulés plutôt que donnés, encore plus grave et dans un autre domaine, des surplus alimentaires détruits par les grandes surfaces pour éviter la récupération par les SDF, car dans cette société on préfère perdre plutôt que donner.
Désacraliser la monnaie
La gratuité ne règle pas tout, mais elle a l’avantage de désacraliser la valeur monétaire d’un objet, pour ne plus lui laisser que sa valeur d’usage. La gratuité introduit un bémol dans un système qui voudrait au contraire donner une valeur monétaire et économique à tout ce qui existe, pourquoi pas l’air que l’on respire ? Valeur d’usage contre valeur monétaire, voilà l’enjeu d’une véritable économie de nos ressources, les gérer en fonction d’un usage plutôt que d’un profit.
Ce qui tue la société, c’est cette notion de profit ayant pour faux alibi l’emploi. Ce n’est qu’un alibi puisque lorsque le profit n’est plus là, on supprime l’emploi pour retrouver le profit avant tout.
C’est ainsi que l’objet est fabriqué pour réaliser du profit qui est censé donner de l’emploi qui doit permettre à celui qui reçoit son salaire de satisfaire ses besoins qui n’ont qu’un lien très indirect avec l’objet produit au début de ce cycle que l’on nomme « l’activité économique ».
Si on imaginait un cycle économique dans lequel la notion de profit monétaire serait absente, resterait à gérer l’économie pure de nos usages pouvant se baser sur les besoins de chacun et non sur qui possède quoi puisque celui qui possède mais n’a pas l’usage se dépossèderait vers celui qui ne possède pas mais aurait l’usage car le fait de posséder sans usage a en outre l’inconvénient d’encombrer celui qui n’a plus l’usage.
Re-sacraliser l’objet
Déconnecter l’objet de sa valeur marchande n’a pas pour but de lui retirer tout intérêt et toute valeur, bien au contraire, l’objet peut à nouveau exister pour lui-même et pour sa fonction, qui n’est pas nécessairement de l’ordre du besoin de base, il peut aussi remplir une fonction symbolique forte, qui elle n’a pas de prix. L’objet manufacturé est banalisé, réduit à un utilitarisme de masse, sans âme, sans son « hau »(esprit) dont parle Marcel Mauss dans son « essai sur le don », est-ce la raison pour laquelle on le jette aussi facilement ? c’est possible. Seuls les objets fabriqués par un artisan ou soi- même , ou un proche possèdent une « âme », celui qui en fait l’acquisition le sait intuitivement. Redonner une âme aux objets, c’est aussi se redonner de l’âme à travers les choses.
On est libre de rêver...en attendant, allons tous au marché de Cordes ce samedi 3 avril.
En pratique
– date : samedi 3 avril, toute la matinée
– lieu : au marché de Cordes (Tarn) sans doute au fond du marché vers l’ancienne école.
– Renseignements 05 63 56 27 46
J’ai mis à jour cet article avec un argumentaire détaillé.
Bonne chance pour cette brocante gratuite !